BAZAINE (François-Achille). L.A.S. à un confrère général. Gallipoli, 30 juin,
1854, in-4, 4 pp. avec apostille autographe signée ; timbre sec anglais au
coin sup. gauche.
Intéressante correspondance concernant le remplacement de la 4e division
à Gallipoli, embarquée pour Varna. Bazaine venait d’arriver en Crimée et
avait été nommé pour l’occasion général de brigade commandant les deux
régiments de la Légion étrangère envoyés sur les lieux. Bazaine fait état de
l’ambiance régnant dans l’armée au début de la campagne.
“Depuis hier, nous sommes tous ralliés ici, mais que fera t’on de nous ?
Jusqu’à présent, rien n’a percé quant au but politique (…) j’ai bien peur que
le véritable but ait été de retirer à l’Algérie 2 vieux régiments parce qu’on
ne pouvait plus en tirer de France, et que pour obtenir cette augmentation,
la politique soit intervenue (…) il est probable que nous sommes destinés
à la garde de la presqu’île, ce qui nous promet beaucoup d’ennuis et peu
de gloire. On a peu de nouvelles des opérations (…) Que va faire cette
belle armée maintenant que les Russes ont levé le siège de Silistrie ? On dit
que Mr le Maréchal veut une grande bataille et qu’il espère qu’après, les
troupes iront prendre leurs quartiers d’hivers à Paris (…) Le commandant
Ranson est resté ici pour diriger le service d’état-major jusqu’à ce que le
commandement soit constitué ici définitivement (…).
Le rapport inachevé reprend le 3 juillet :
Je n’ai pu achever ma lettre pour le dernier courrier. Ce retard n’ajoute rien
au peu de nouvelles (…) on commence à croire qu’on ne tirera pas un coup
de fusil (…) Je crains les désertions dans le régiment si on nous laisse ici, car
nos hommes sont travaillés par des grecs, des italiens réfugiés et on aurait
bien mieux fait de les laisser en Algérie.
Il ajoute en P.S. : (…) Ah ! Général : quelle affreuse ville ! c’est à mourir de
chagrin et d’ennui !”
Après la prise de Sébastopol en 1855, Bazaine deviendra commandant
supérieur de cette place et promu général de division pour ses actions
d’éclats.