mercredi 7 décembre 2011
Exceptionnel canapé en bois sculpté et doré à dossier plat. Il est sculpté d’entrelacs. Le dossier plat à épaulements, au centre deux enroulements d’où s’échappent des guirlandes de fleurs encadrant une large feuille d’acanthe. Les accotoirs reposent sur des montants en coup de fouets feuillagés, se terminant par des crosses à moulures fortes; ils sont retenus à la ceinture par un cube trapézoïdal. La ceinture cintrée à légers ressauts en façade repose sur huit pieds fuselés à cannelures, la partie supérieure des pieds est sculptée de rais-de-coeur comme l’ensemble des bordures simulant un galon. A noter l’originalité des deux pieds latéraux surmontés de crossettes à enroulements en surplomb et en ressaut de la ceinture, pour les deux autres en façade surmontés d’un « carré » rectangulaire sculpté d’une rosace. Estampillé de Mathieu BAUVE. Mathieu BAUVE reçu maître en 1754. Epoque Transition Louis XV-Louis XVI-vers 1765-1770. Hauteur: 104,5 cm – Longueur: 203 cm – Profondeur: 86 cm Sabots de bronze ciselé. Quelques éclats. Garniture de tapisserie des Gobelins (remise à dimension) du XVIIIe siècle. Provenance: Par tradition familiale proviendrait de l’ancien «Salon de Madame Geoffrin». Bibliographie: Pour un fauteuil à décor identique: « Les ébénistes du XVIIIe siècle » F. de Salverte, planche N°II, ancienne collection Alphonse Kann. Ancienne collection Maurice Rheims. Ancienne collection Kugel. Comment ne pas se rappeler le mobilier de Salon livré par Heurtaut pour la Duchesse d’Enville à la Roche Guyon aujourd’hui conservé pour partie au Louvre et à l’hôtel de la Vaupalière à Paris. On retrouve sur notre meuble la sculpture profonde, puissante à fort relief, visible sur l’oeuvre de Nicolas Heurtaut à l’époque où il fût l’un des précurseurs du style Louis XVI. Le dossier devait vraissemblablement suivre le mouvement d’une boiserie, à décor somptueux, tellle qu’elle était exécutée pour les hôtels particuliers édifiés par les puissants financiers du Règne de Louis XV. On peut également rapprocher les sièges exécutés par Jean Boucault (voir la chaise illustrée dans l’ouvrage de Bill Pallot « L’art du siège au XVIIIe siècle » page 192), conservés au Getty Museum, sur lesquels l’épaulement du dossier et le ressaut des pieds sont proches des nôtres. Il est certain, compte tenu de sa production particulière, que Bauve ne souhaitait pas être en reste vis-à-vis de ses voisins, dont Louis Delanois qui reçut d’importantes commandes notamment pour le Palais de Varsovie et l’Europe toute entière. Bauve a-t’il exercé sous forme de sous-traitance ? Rien à ce sujet ne permet de l’affirmer si ce n’est la présence d’un fauteuil estampillé de Georges Jacob ayant appartenu à Daniel Pasgrimaud, similaire à deux autres estampillés de Mathieu Bauve (ventes FRAYSSE à Paris le 5 décembre 2007 et le 2 décembre 2009 et SOTHEBY’S New-York en 1988). Bill Pallot évoque la sous-traitance dans son ouvrage « L’art du siège au XVIIIe siècle » page 196. Les similitudes de sculptures sont patentes dans les détails de décors de projets de sièges livrés par Jean-Louis Prieur aux fins d’exécution par Louis Delanois. (Dés de raccordements et enroulements du dossier qui sont d’une grande nouveauté pour l’époque). Il faut également citer les créations de Delafosse et son implication dans le style nouveau de cette époque. Par tradition familiale, le canapé qui fait l’objet de cette vente, proviendrait du «Salon» que tenait Madame Geoffrin. Celle-ci laisse à sa fille, la Marquise de La Ferté-Imbault l’ensemble de ses biens. Cette dernière n’ayant laissé aucun héritier direct, légua ses biens à Louis d’Estampes, Marquis de Mauny, neveu de son mari et ancêtre du l’actuel propriétaire et ce, par suite du mariage de Mademoiselle d’Estampes, fille de Louis d’Estampes avec l’arrière, arrière-grand-père du propriétaire. Madame Geoffrin (1699-1777), redoutable femme d’affaire et principale actionnaire de la Manufacture des Glaces de Saint Gobin, entretenait des relations dans l’Europe entière et tenait un célèbre Salon sous le règne de Louis XV. Mécène entre autres des peintres: Nattier, Van Loo; elle recevait écrivains, architectes, philosophes, savants, artistes. Elle devint la conseillère artistique du Roi Stanislas II de Pologne. A cette occasion, elle noua des contacts avec le grand marchand de Varsovie Casimir Czempinski, mais aussi avec des politiques tels que le Prince Von Kaunitz de Prusse. Par sa position, Madame Geoffrin était un des ambassadeurs les plus influents du goût français. On ne connaît tous les somptueux présents qu’elle reçut de l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche ainsi que ses relations avec l’Impératrice Catherine II de Russie mais on connaît moins celles qu’elle put entretenir avec nombre de Princes et d’ambassadeurs du Saint-Empire alors morcelé en de multiples Royaumes. Estimation sur demande