MAITRE de la nature morte de HARTFORD (actif à Rome vers 1600)
mercredi 5 décembre 2012
Nature morte au vase de fleurs, plat de figues, poires, pêches, fraises des bois, champignons Toile. Restaurations anciennes. 100,5 x 130 cm Estimation sur demande Le tableau que nous présentons, inédit à ce jour, est un ajout important au corpus du Maître de la nature morte de Hartford considéré comme le premier peintre spécialiste de nature morte à Rome. On réunit sous ce nom un petit groupe d’oeuvres, prenant pour tableau de référence une Table chargée de fleurs et de fruits conservée au Wadsworth Atheneum de Hartford (toile, 74 x 100 cm) publiée par Charles Sterling dès 1952. Il rattache au Caravage (1571-1610), sans toutefois y reconnaître la main du maître, cette oeuvre qui, jusqu’alors, était donnée à Fede Galizia (Cf.: La Nature morte de l’antiquité à nos jours, 1° éd., ill. 55 et 2° éd. p. 54). Par analogie, une paire de toiles conservées à la galerie Borghèse à Rome, Nature morte aux oiseaux et Fleurs, fruits, légumes et deux lézards (toile, 105 x 184 cm) a été attribuée à ce «Maître de la nature morte de Hartford «. Elles proviennent de la collection du cavalier d’Arpin et le tableau de Hartford pourrait avoir la même provenance. Ce fait amène à penser que l’auteur de ces toiles fréquentait l’atelier du cavalier d’Arpin où se côtoyaient des artistes de toutes nationalités. Caravage y est entré quand il est arrivé à Rome vers 1593/95 et Bellori, son premier biographe, rapporte qu’il y exécutait des fleurs et des fruits. La lumière qui arrive comme d’une fenêtre dans une chambre aux murs noirs produit des ombres très sombres et des éclairages très clairs qui donnent du relief aux tableaux attribués au Maître de la nature morte de Hartford, ce qui a amené Federico Zeri à y voir une production de jeunesse du Caravage. D’autres noms ont été suggérés: Giovanni Battista Crescenzi par Mina Gregori, Francesco Zucchi, le frère de Jacopo par Maurizio Marini et, plus récemment, Prospero Orsi (1558-1630), ami du Caravage au sein de l’atelier du Cavalier d’Arpin et son premier mécène, par Clovis Whitfield. Tout, dans la nature morte que nous présentons, porte la marque du Maître de la nature morte de Hartford: la composition générale, l’éclairage, la disposition des bouquets et des fruits, l’entablement très bas, le contraste de sa ligne claire avec le fond noir, l’écriture archaïsante de motifs récurrents chez l’artiste. Chaque élément témoigne de l’excellente maitrise du peintre. Alors que les bouquets et le papillon traduisent l’influence d’artistes nordiques tels Floris van Dyck, élève d’Ambrosius Bosschaert qui était dans l’atelier du cavalier d’Arpin en 1600-1601, le vase rond, fascine par son effet de lumière alors que le verre est un élément récurent dans les oeuvres connues de cet artiste. Sa présence confirme la proximité notre artiste avec le Caravage, hébergé chez le cardinal del Monte entre 1595 et 1600. Cet ambassadeur des Médicis à Rome travaillait sur les phénomènes de réfraction de la lumière. On pourra encore rapprocher notre tableau des Figues sur une coupe Tazza, avec des feuilles de vigne, un panier de raisins, des roses et des iris dans un vase, des cerises, poires, prunes, pêches et autres fruits sur une table recouverte d’un tapis oriental et d’une nappe (toile, 142,9 cm x 167 cm) exposée à Londres chez Noortman en 2011. Notre tableau se place parmi les trois plus importantes compositions connues à ce jour de ce peintre qui reste à découvrir. Bibliographie: Alberto COTTINO: Maestro di Hartford in Federico ZERI: «La natura morta in Italia», T.II (Milan, 1989), pp. 691-693 [Expo. Rome, 1995-1996] La natura morta al tiempo di Caravaggio, notices 18 et 19 par Alberto COTTINO [Expo. Londres et Rome, 2001] The genius of Rome, catalogue 18 et 19 Clovis WHITFIELD: Prospero Orsi, interprète du Caravage in «Revue de l’Art», 155 -2007/1, pp. 9-19. Rapport de condition disponible sur demande