mercredi 3 décembre 2014
Maître de la nature morte de HARTFORD (actif à Rome vers 1600) Nature morte aux fruits et légumes d’automne disposés dans une corbeille, un guéridon et un panier, ou posés sur un entablement Toile. 100 x 133,5 cm Restaurations anciennes. Sans cadre. Le Maître de la nature morte de Hartford est considéré comme le premier peintre spécialiste de nature morte à Rome. On réunit sous ce nom un petit groupe d’oeuvres, prenant pour tableau de référence la Table chargée de fleurs et de fruits du Wadsworth Atheneum de Hartford (toile, 74 x 100 cm) publiée par Charles Sterling dès 1952. Il rattache au Caravage (1571-1610), sans toutefois y reconnaître la main du maître, cette oeuvre qui, jusqu’alors, était donnée à Fede Galizia (Cf. La Nature morte de l’antiquité à nos jours, 1° éd., ill. 55 et 2° éd. p. 54). Par analogie, une paire de toiles conservée à la galerie Borghese à Rome Nature morte aux oiseaux et Fleurs, fruits, légumes et Deux lézards (toile, 105 x 184 cm) a été attribuée à ce maître de la nature morte de Hartford. Elles proviennent de la collection du cavalier d’Arpin et le tableau de Hartford pourrait avoir la même provenance. Ce fait amène à penser que l’auteur de ces toiles fréquentait l’atelier du cavalier d’Arpin où se côtoyaient des artistes de toutes nationalités. Caravage y est entré quand il est arrivé à Rome vers 1593/95 et Bellori, son premier biographe, rapporte qu’il y exécutait des fleurs et des fruits. La lumière arrive sur cette nature morte comme d’une fenêtre. Dans cette pièce aux murs noirs, elle avive les contrastes entre des ombres très sombres et des éclairages très clairs qui donnent leur relief aux tableaux attribués au Maître de la nature morte de Hartford, à tel point que Federico Zeri a pu y voir une production de jeunesse du Caravage. D’autres noms ont été suggérés: Giovanni Battista Crescenzi par Mina Gregori, Francesco Zucchi, le frère de Jacopo par Maurizio Marini et, plus récemment, Prospero Orsi (1558-1630), ami du Caravage au sein de l’atelier du Cavalier d’Arpin et son premier mécène. Tout, dans la nature morte que nous présentons, porte la marque du Maître: la composition générale qui semble coupée sur les bords, l’éclairage, l’entablement très bas, le contraste de sa ligne claire avec le fond noir, l’écriture archaïsante de motifs récurrents chez l’artiste. Chaque élément témoigne de l’excellente maîtrise du peintre. La corbeille est présente dans plusieurs de ses compositions, notamment l’une de celles conservées à la galerie Borghese. Des guéridons similaires sont peints sur chacun des pendants de la collection Frascati (Cf. Zeri, 1989, repr. 821 et 822 p. 694). Notre tableau, pendant de celui que nous avons présenté le 5 décembre 2012 (lot 47: Nature morte au vase de fleurs, plat de figues, poires, pêches, fraises des bois, champignons, 100,5 x 130 cm), est inédit à ce jour. Bibliographie: Alberto COTTINO, Maestro di Hartford in Federico ZERI: «La natura morta in Italia», T.II (Milan, 1989), pp. 691-693. [Expo. Rome, 1995-1996] La natura morta al tiempo di Caravaggio, notices 18 et 19 par Alberto COTTINO; [Expo. Londres et Rome, 2001] The genius of Rome, catalogue 18 et 19; Clovis WHITFIELD, Prospero Orsi, interprète du Caravage in «Revue de l’Art», n° 155 -2007/1, pp. 9-19. Rapport de conditions disponible auprès de l’expert.