MORAND Paul
mercredi 17 octobre 2012
Lewis et Irène. Manuscrit autographe au crayon illustré de dessins originaux de Marie Laurencin. Paris, 1922; cahier in-4 (270 x 210 mm) de 35 pages alternativement très denses ou peu remplies sur 53 feuillets, les treize derniers demeurés blancs, couverture de papier bleu à dos de percaline noire. important manuscrit autographe de premier Jet d’un roman à succès qui paraîtra chez Grasset en 1924. il Est entrecupé de 11 dessins originaux de marie laurencin dont six en couleurs, quatre de ces derniers étant à pleine page. paul morand a écrit sur la couverture: «Premier brouillon de Lewis et Irène commencé en 1922 sur ce cahier prêté par Marie Laurencin. Paul Morand». et au-dessous, plus tard: «Ce début a été écrit le soir, 19 rue de Penthièvre, dans l’appartement de Marie L., qui devint le mien l’année suivante. P.M.». La présente version offre l’esquisse de ce qui deviendra le roman Lewis et Irène. Le héros, Lewis, s’appelle encore Damien. Le début est déjà en place avec quelques transpositions de paragraphes. Les phrases, lapidaires pour commencer, peu à peu se gonflent de détails, d’incidentes, d’analyses, etc. Parfois à force de retouches il ne reste rien d’un passage, le fragment demeurant lisible à travers les cancellations apparaissant alors comme inédit. Dans d’autres cas des phrases écrites dans le manuscrit sont dans l’imprimé morcelées et distribuées de loin en loin. À mesure que se développe le déroulement de l’action les chapitres sont moins remplis, ne restant à la fin qu’un synopsis.Le texte se poursuit ainsi avec ses lacunes et ses superfluités jusqu’au VIIe chapitre (sur XV) de la deuxième partie, puis il passe à la troisième partie chapitres I et II (sur XIX dans l’imprimé). Le texte s’arrête là. en résumé il y a dans le déroulement du récit d’importantes lacunes mais aussi de nombreux passages non repris dans la version finale. L’ampleur des ratures, des ajouts et des suppressions et surtout des greffes successives confirme qu’il s’agit bien là d’un manuscrit de premier jet, comme l’auteur l’a d’ailleurs notifié sur la couverture. Il éclaire également sa méthode de création. À l’instar de Balzac et de plusieurs autres romanciers il travaille sur un canevas plutôt mince au départ qui va en s’étoffant au gré de l’inspiration. Les dessins de Marie Laurencin couleurs (mine de plomb, crayon gras noir, rouge, bleu et rose) 1. Portrait imaginaire possible de l’héroïne du roman Irène Apostolatos tel qu’il est évoqué par l’auteur (page [1 bis], pleine page). 2. Sirène empanachée (page [2 bis], pleine page). 3. Deux bouquets de roses et de tulipes (page [3 bis], pleine page). 4. Jeune femme en buste, de face (page 5, mi-page supérieure, audessus du texte de P. Morand). 5. Même jeune femme que sur le premier dessin, les mains derrière la nuque (page [5 bis], pleine page). 6. Jeune femme à mi-corps, de face (page 6, mi-page perpendiculairement au texte écrit). mine de plomb 1. Jeune femme assise, de face, tenant un bouquet. Esquisse (page [3 ter]). 2. Deux chevaux galopant. Esquisse (page 4, tiers supérieur de la page). 3. Jeune femme en tenue légère affalée sur un fauteuil (page [5 ter]). 4. Deux jeunes femmes en buste. Esquisse (page 4, moitié supérieure au-dessus du texte). 5. Cinq jeunes femmes dont une en tenue de bal, masquée (dernière page, avec petit texte de P. Morand). Différents autres dessins ou croquis incorporés dans le texte sur les pages blanches de gauche sont d’une autre main probablement celle de l’auteur: silhouettes, voiliers, automobiles… Sur les contre-plats du cahier Paul Morand a écrit des adresses «Francesco v[on] Mendelssohn 74 q. des Orfèvres», «Otto v[on] Wätgen» «, Robert de Rothschild 23 av. Marigny», «Odette 16 r. de Vaugirard VI», «Nicole Hôtel du Pont Royal Compiègne», etc. Sur la dernière garde on lit: «La mort ne se décidera-t-elle pas à passer de mode ?» Il est joint deux lettres autographes signées de Paul Morand à Me Ribet (qui allait devenir bâtonnier de l’ordre). La première dit: «Je vous dois beaucoup, quoi que vous en disiez; je serais heureux que vous acceptiez pour votre bibliothèque ce premier brouillon de mon premier roman, Lewis et Irène, écrit chez Marie Laurencin, mon amie, auprès de qui je travaillais le soir…». Ce manuscrit autographe d’un auteur en vogue illustré d’oeuvres originales d’un peintre de renom est une conjonction rare dans l’histoire des lettres