STRASBOURG
mercredi 30 mars 2011
Exceptionnelle terrine en forme de hure de sanglier en trompe l’oeil, la gueule légèrement ouverte, la langue apparente et les grés saillants, ornée d’un décor polychrome au naturel, et large présentoir orné sur le bord de branchages de chêne en relief avec glands et feuillages et sur le bassin d’un décor de libellules, papillons et sauterelles peints dans un style naturaliste d’après des gravures germaniques notamment celles de Jacob Hoefnagel (éditées en 1592). Création du modèle attribuée à Jean Guillaume LANZ. Le décor d’insectes du plateau illustre superbement la grande finesse picturale et le soucis de réalisme avec lesquels les peintres strasbourgeois retranscrivaient des planches de botaniques de graveurs allemands. Jacques Bastian a identifié les principales sources : Maria Sybilla Merian, Jacob Hoefnagel, Jacques Vauquer, Jean-Baptiste Monnoyer. Circa 1750 – 1754. Un grès manquant, un léger choc au fond du corps, petits éclats sur le présentoir, un éclat recollé. Dimensions de la hure : Longueur : 46 cm – Largeur : 41,5 cm – Hauteur : 29,5 cm Dimensions du plateau : Longueur : 59 cm – Largeur : 50 cm Un seul autre modèle similaire avec présentoir est aujourd’hui connu. Il est conservé dans les collections du Château de la Favorite, électrice de Base, dans sa résidence à Rastatt. Exceptionnel ensemble en trompe l’oeil en faïence de Strasbourg réalisés sous la direction de Paul Hannong, entre 1745 – 1754. La mode des terrines zoomorphes en Europe au XVIIIe siècle A la fin du XVIIe siècle, l’introduction de nouveaux mets tels que le ragoût de viande (l’oille) est à l’origine de la création de nouvelles pièces de service de table que sont les terrines et pots à oille. Ces récipients couverts qui permettent de conserver les aliments au chaud deviennent alors l’élément central du service de table. Pièce d’usage mais aussi pièce centrale du décor, la terrine focalise les recherches ornementales et formelles des manufactures de faïence et devient rapidement un prétexte à la création de véritables morceaux de bravoure. Apparues en premier lieu à Hoechst en 1746, grâce au talent de Johann Gotfried Becker, transfuge de Meissen, c’est à Strasbourg que cet art connait son apogée avec Jean Guillaume Lanz et Jean Louis. Bibliographie : – « Répertoire de la Faïence française », Paris, musée des Arts Décoratifs, 1932. – Hans HAUG, « La faïencerie de Strasbourg », Strasbourg-Paris, 1950. – Jacques BASTIAN, « Strasbourg, faïences et porcelaines 1721 – 1784 », éditions M.AJ.B, Strasbourg, 2002. – Catalogue de l’exposition « L’oeuvre des Hannong : faïences de Strasbourg et Haguenau », Strasbourg, 1975, musée des Arts Décoratifs, Palais Rohan. Ces terrines animalières baroques en trompe l’oeil faisaient partie de services de table particulièrement spectaculaires. L’un des plus beaux services connus est celui commandé par Clemens August de Clemenswerth publié dans l’ouvrage de Jacques Bastian à partir d’un inventaire réalisé par Eckard Wagner, alors conservateur du château de Clemenswerth. Livré en 1751, Jacques Bastian pense qu’il aurait pu être inauguré lors des chasses princières de l’automne 1751. Ce service se composait d’environ six cents pièces et comprenait un nombre conséquent de terrines en forme d’animaux dont : « 1) Une hure de sanglier (sans plateau). 2) Un coq de bruyère et un dindon. 3) Deux faisans, deux oies, deux canards, quatre pigeons, quatre perdrix, quatre bécasses, quatre tortues, deux choux-fleurs. (…) » Jean Guillaume Lanz était le chef de l’atelier des sculptures dans la manufacture de Paul Hannong entre 1750 et 1754 et on l’attribue traditionnellement la paternité des moules en trompe l’oeil. Il quitta la manufacture strasbourgeoise pour Frankenthal où il exerça de 1755 à 1761. Jean Louis l’un des collaborateurs de Lanz à Strasbourg quitta la manufacture alsacienne pour Sceaux où il continua cette production de trompe-l’oeil. Référence des gravures (insectes) : – sauterelle : reprise de l’ouvrage de Jacques Bastian, p.110, n°357 gravure de Jacob Hoefnagel, 1592. – hanneton : reprise de l’ouvrage de Jacques Bastian, p.110, p.111, n°361 gravure de Jacob Hoefnagel, 1592.