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Lot 186

Vente : 05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6

Lot 186
Lot 186

Lot 186

L.A., [Nohant, fin juin ou juillet 1841], à son «cher Pélican» [Eugène Pelletan]; 4 pages in-8 à son chiffre. Longue et belle lettre inédite. Elle se plaint du coût du port des lettres que lui envoie le Pélican: «ne les bourrez pas des produits indigestes des inconnus qui m'écrivent, parce que n'y eut-il que 2 sous d'augmentation de port, ce serait payer trop cher les complimens bêtes, ou les injures sales qu'on m'adresse. Pour l'amour de Dieu ne m'envoyez de Paris aucune lettre par la poste. La dernière quoique en vers, était aussi bête qu'insultante. Vous voyez qu'en vous la donnant pour pressée, on s'est joué de votre candeur». Il faut aussi interdire à son portier de lui renvoyer des lettres: «faites un paquet de toutes ces platitudes que vous m'enverrez par la 1ère occasion avec l'encyclopédie», avec la «grande carte chronologique de l'histoire universelle» qu'elle a oubliée à Paris: «Vous me rendrez bien service de me rendre ma mémoire». Il peut aussi les porter chez Louis Viardot, qui va venir la voir avec sa femme. «Si vous pouvez venir à Nohant, et que cela vous amuse sans vous déranger le moins du monde, (bien entendu que les frais de déplacement me concernent) il est possible que je vous demande de m'amener Solange du 28 au 30 août. N'en parlez encore à personne et dites-moi franchement si ce ne serait pas une corvée pour vous».... Puis elle explique pourquoi elle ne veut pas collaborer au journal La Presse: «Il n'y aurait pas pour moi affaire de conscience, à écrire de la littérature dans tel ou tel journal, puisque j'en mets dans la revue qui n'est pas ce qu'il y a de plus propre au monde. Mais j'aurais une répugnance invincible à avoir le moindre rapport, même indirect avec les G. [Girardin] - Inutile de proclamer cela, mais dispensez-moi de toute explication en disant à la personne qui vous en a parlé que je ne suis pas libre d'accepter, que mes conventions avec la revue s'y opposent, etc. Le fait est que j'ai plus d'éditeurs que je ne puis en contenter, car malgré ma persévérance, je ne travaille pas aussi vite qu'il faudrait. J'aurais besoin de repos pendant un ou deux ans. J'ai la tête bien fatiguée d'écrire, et je voudrais lire; mais je ne le peux pas».... Elle ajoute, à propos de Pierre Leroux: «Je vous assure qu'une heure de l'entretien de cet hommelà, vaut mieux que toutes les semaines passées à Nohant près de moi et dont je vous sais gré de garder le souvenir. Mais moi je ne suis qu'une cervelle d'enfant, et sans mon coeur qui est encore assez bon, je ne signifierais rien du tout. Au lieu que Leroux est grand, et fort, et intelligent, et savant, tout cela avec une nature humble et douce comme celle d'un chrétien primitif»
Estimation :1 000 € - 1 500 €