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Lot 56

Vente : 22 MARS 2017

Lot 56

Garniture de cheminée. Cadran et mouvement de la pendule signés Vandersteen à Bruxelles. Bronze ciselé à patine dorée et laque brune, enrichi de pierres facetées, de pierres rouges, d’émail. Garniture de cheminée composée d’une pendule et de deux bougeoirs, chacun reposant sur un soubassement en doucine, dont les angles coupés sont accostés de palmettes de refend à enroulements forment les pieds, le tout enrichi d’un cabochon où sont accrochés des volutes et des guirlandes à chutes de fleurs, et des médaillons à jour renfermant trois miniatures représentant des portraits, des nœuds, des rubans croisés et des rosaces, sertis de strasses et de pierres rouges. Ces bases sont surmontées par un lion passant, respectivement à droite sur la pendule et l’un des bougeoirs et à gauche sur l’autre, en bronze à patine brune et dont les yeux sont ponctués par des pierres rouges. Les lions, caparaçonnés d’acanthes, supportent une pendule d’aspect circulaire, surmontée par une cassolette cannelée, sommée par un fruit d’acanthe, ainsi que les fûts des bougeoirs en balustre ornés sur les côtés de deux guirlandes de laurier et supportant les binets décorés d’un registre de feuilles lancéolées, de cannelures et à rebord perlé. Le cadran de la pendule, à chiffres romains pour les heures et arabes pour les minutes, est décoré de guirlandes de fleurettes et de roses peintes et accrochées à des fleurs de lis dorées. Au-dessus du cadran ainsi qu’à la base des fûts des bougeoirs est disposée une couronne royale fleurdelisée. Le portrait disposé sur le soubassement de la pendule représente un couple en buste, alors que les portraits présents sur les bases des bougeoirs sont ceux d’un jeune homme et d’une jeune fille, tous en costumes et à coiffures du XVIIIe siècle, rehaussés de cabochons en pierres rouges sertis de strass. Bruxelles, dernier quart du XVIIIe siècle. Pendule : Hauteur : 38 cm - Largeur : 23,5 cm - Profondeur : 12 cm Bougeoirs :Hauteur : 20 cm - Largeur : 10 cm - Profondeur : 7 cm Estimation sur demande Relativement méconnu, l’auteur de cette pendule pourrait être soit Michel Vandersteen de Mons en Hainhaut, horloger de Son Altesse Royale, Monseigneur le prince Charles-Alexandre de Lorraine (1712-1780), gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, soit son fils Antoine-Joseph-Michel Vandersteen, né le 27 février 1761 de l’union avec Reine Delcourt. Ce dernier suivit en 1778-1779 une formation d’une année à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, chez « le très expert maître-horloger en petit volume Abraham-Louis Brandt pour se perfectionner dans le métier, non seulement à finir les montres simples et ordinaires, mais aussi les cadratures et les répétitions ». De retour en Belgique, « Vandersteen fils aîné, comme il s’appela par la suite, allait être pendant de longues années à Bruxelles le correspondant de Brandt père et fils, maison horlogère fort importante de La Chaux-de-Fond. En 1792, il épousa Catherine Vandenhove (17871-1815) et de cette union naquirent quatre enfants : deux filles, Anne-Catherine (1792-1866) et Reine-Alexandrine (1793-1831) et deux garçons, Ladislas Mauduit Larive (1798-1857) et Jean-Arsaine, né en 1803, qui mourut l’année suivante. Vers 1803, on retrouve Michel Vandersteen père installé à Bruxelles. Il semble peu probable que son fils, Antoine-Joseph-Michel, ait travaillé lui-aussi pour le gouverneur des Pays-Bas autrichiens, si on se fie à une Chronique de Bruxelles, qui mentionne que le 13 janvier 1793, « au cri de vive la République », les partisans de la Révolution française, avaient arraché de son piédestal la statue de Charles de Lorraine, pour poursuivre en précisant que « le plus acharné parmi ces forcenés fut un bossu nommé Vandersteen, fils d’un ancien horloger du prince Charles ». On retrouve ce fils de Michel le 24 messidor an V [12 juillet 1797], lorsque le directeur du jury du tribunal correctionnel d’Escaut annulait, entre autres, le mandat d’arrêt « contre Vandersteen, prévenu de violences ». Vraisemblablement suite à ces événements, il partit s’installer en France. Il habita entre 1798 et 1803 dans la commune de Montlignon, puis vint à Paris en 1815, où il décéda le 17 mai 1822 à son domicile, rue de l’Echiquier. Compte tenu de ces circonstances, il semble plus plausible d’attribuer notre pendule plutôt à Michel Vanderstenn qu’à son fils, peu enclin, vus ses penchants révolutionnaires, à réaliser un ensemble paré des attributs de la monarchie. En effet, la présence en nombre de fleurs de lis sur le cadran de la pendule et des couronnes royales sur celle-ci et sur les bougeoirs, indiquent avec insistance un ensemble ayant un rapport direct avec la famille royale et avec les événements survenus en France à l’époque révolutionnaire. Hélas, les portraits du couple ne sont pas assez précis pour pouvoir déterminer avec précision l’identité des personnages, aussi ceux des jeunes gens, effacés par endroits. Cependant, on remarque une certaine ressemblance entre les portraits de l’homme et celui de la femme avec le portrait du comte de Provence, réalisé par Joseph Duplessis, vers 1778 (fig. a) et avec celui de son épouse, Marie-Joséphine-Louise de Savoie, peint par Joseph Boze en 1785 (fig. b). Un modèle de dessin de pendule au lion attribué à François VION, voir Vergoldete Bronzen par Ottomeyer page 193 fig 3.11.6 Peut-être que notre garniture de cheminée avait été réalisée aussitôt après le 8 juin 1795, lorsque, suite à l’exécution de Louis XVI, de Marie-Antoinette et la mort du Dauphin, le comte de Provence en exil en Westphalie devint le dépositaire légitime de la couronne de France et prit le nom de Louis XVIII. Avait-elle été commandée par l’empereur François II du Saint-Empire, alors souverain des Pays-Bas autrichiens et neveu de Marie-Antoinette, comme un témoignage de la légitimité du comte de Provence ? Cependant, on ne peut retenir cette probabilité, non encore suffisamment étayée par des documents d’archives, autrement qu’une séduisante hypothèse de travail.
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