
Vente 05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6

5 novembre2014
Heure14:15
LieuDrouot Richelieu - Salle 6

3 Collections
estampes - gravures - aquarelles
dessins par Gustave Dore
manuscrits de et autour de George Sand
estampes - gravures - aquarelles
dessins par Gustave Dore
manuscrits de et autour de George Sand

Lot 200
20 L.A.S. «Maurice» (une non signée), Paris et Nohant février-mai 1848 et mai 1849, à sa mère, George Sand; 57 pages in-4 ou in-8, qqs au chiffre GS, la plupart avec adresse. Très intéressante correspondance sur la révolution de 1848 vue La Châtre et de Nohant-Vicq dont Maurice devient le maire. 1848. [Paris] 5 février. Impressions sur la pièce de Dumas Monte-Cristo au Théâtre-Historique... Déjeuner avec Hetzel: «nous avons parlé de tes affaires»: arrangements avec l'éditeur Delavigne, projets d'illustration par Tony Johannot... Il va vider l'appartement du square d'Orléans: «Chopin a repris chez lui tout ce qui lui appartenait à l'exception de deux ou trois petites choses de peu d'importance»... Nouvelles du ménage Clésinger... L'atmosphère politique à Paris... [Nohant] 21 mars. «J'ai passé la journée d'hier à faire des registres de gardes nationaux [...] Fleury n'en finit à rien, je n'ai pas encore la nomination de l'adjoint [...] il y a un tas de salots à La Châtre qu'il devrait bien ficher en bas, et il ne le fait pas. J'ai reçu une lettre de mon père, qui est ettonante de bon sens et de républicanisme populaire [...] Vive la République»... 24 mars. Échos de l'effet produit par l'augmentation de l'impôt. «On a beau leur dire qu'il faut sauver la République, que Louis-Philippe a tout pris l'argent de France [...] Par bonheur que le blé est bon marché»... Demain, élections des officiers de la garde nationale de Nohant... 25 mars. «Ma chère mignonne puisque tu es dans le gouvernement», qu'elle obtienne la séparation de Nohant et de Vicq; récit d'un conseil municipal atroce: «il oppose aux idées de fraternité et d'égalité toute sa force d'inertie. Il faut que cela change ou je fais un coup d'État, je casse mon conseil, j'assemble le peuple et je lui fais nommer douze membres du conseil municipal pris parmi eux»... 26 mars. Vives plaintes de la conduite d'Auguste Fleury; Maurice est dégoûté des hommes, de l'administration, de la république bourgeoise que les élections d'aujourd'hui pourrait produire. «Je t'en supplie [...] ne t'avantures pas trop dans la lutte, si tu savais comme tu es peu remerciée et des bienfaits que tu as fait, et des écrits pour éclairer le peule que tu as fait paraître, tu ne te donnerais pas tant de peine, que d'ingrats !!»... Il en a rencontré qui le croyaient «aristocrate communiste et enragé»... 31 mars. Observations désabusées sur son travail de maire et sur des craintes de violence au Club républicain de La Châtre... Il promet de bien recevoir Marc Dufraisse, mais «quant à le mettre en rapport avec le curé Marty je ne le ferai pas, car le brave curé dans l'allocution au peuple [...] se permet de dire aux assistants qu'il faudrait bien voter pour Delavau»... 2 avril. Difficile d'aller à Paris: «la mairie est là, et l'arbre de la liberté doit être planté dimanche prochaine»... Aujourd'hui il a fait office de simple soldat à la plantation à Vicq, mais dimanche «je ceins l'écharde tricolore» pour la cérémonie. «Je ne sais pas quand nous recevrons les fusils. J'espère bien alors que les habitans de la commune y mettront un peu plus de coeur»... 7 avril. Le Club républicain de La Châtre a voté son choix de représentants. «L'assemblée a été orageuse, l'ennemi (le Club populaire) grondait à la porte à coups de pierre, plusieurs de notre Club sont sortis et nous avons été traités d'agents provocateurs, de mauvais citoyens jusque sous la barbiche de Delaveau qui de dessous son parapluie disait, allons messieurs de l'ordre ! Je vous en prie. - Des sottises et des soufflets ont été échangés»... Conduite saugrenue de la garde nationale; les élections «ne passeront pas sans coups»... 17 avril. Hier il a cassé d'autorité le conseil municipal: «La chose n'a pas été facile. J'ai tenu tête à l'orage j'ai agi en dictateur»... Il se félicite de n'avoir pas laissé le temps de «tripoter les élections», mais se plaint de n'avoir pas encore reçu les fusils promis... 19 avril. La «bande cassée» proteste, et la «bourgeoisie adverse» se vante de faire casser Maurice: «c'est une vraie petite révolution»; Fleury «n'a pas trop approuvé» sa conduite, «vu qu'il est fourré dans les élections et qu'il ne pense qu'à cela»; mais il faudra bien «prendre une mesure afin que la République ne reçoive pas une gifle en ma personne»... 25 avril. Le pays est un peu plus tranquille: «comme on ne parle plus de brûler ni de piller, nous avons brûlé des fagots ce soir à l'arbre de la liberté et nous avons dansé des bourrées en chantant la carmagnole»... Delavau a été porté en triomphe; Maurice aurait bien voulu voir ça, mais il aurait ri «et on m'aurait probablement cassé la gueule»... Les anciens conseillers municipaux ont fait faire une pétition contre lui, et l'ont envoyée à Paris: «C'est tout de même de fameuses canailles que ces pétitionnaires qui vendaient les biens communaux et les mangeaient au cabaret», et il est embêté de les voir «mettre la zizanie entre nous»... 29 avril. Il partira pour Paris après avoir fraternisé à une plantation d'arbre de la liberté à Verneuil, mais demande des instructions pour la sauvegarde de l'argenterie... 1849. [Paris] 4 mai. «Ici grandes illuminations, grand feu d'artifice d'où je viens avec Duvernet sa femme et Fleury. Nous [...] avons été tous pédestrement dans la foule [...] comme des provinciaux, nous extasier devant des chandelles de couleurs et des fusées»... 13 mai. Jour d'élections législatives, Paris est parfaitement calme: un homme effrayé de voir passer une escorte armée de la garde nationale s'est rassuré de voir qu'elle accompagnait «les boîtes de scrutin», et qu'on n'allait pas «recommencer une affaire»... 14 mai. Il y a dans toutes les craintes des «manoeuvres électorales»: lui-même ne se battra pas, et la garde nationale ne bougera pas. «Si les réactionnaires veulent un mouvement, ils sont perdus. C'est désormais dans le suffrage universel qu'est la révolution. Voilà la seule arme possible maintenant en France»... Il imagine toute une suite de dangers qu'il pourrait rencontrer en se promenant, en dégustant des huitres, en allant à la campagne ou à l'étranger... Delacroix lui a conseiller d'aller copier au Louvre... 15 mai. Elle doit être rassurée sur les événements: «tous ces bruits de combat étaient manigancés par le ministère. [...] j'ai été voir ce soir une 1ère représentation à l'Odéon [Les Bourgeois des métiers, ou le Martyr de la patrie de Gustave Vaëz]. Succès colossal fait par quelques mots à double entente sur les choses présentes. Le parterre a demandé la Marseillaise et acteurs et comparses sont venus la chanter aux grands applaudissements du public. On ne sait encore rien des élections»... 17 mai. «Les élections promettent à Paris - demain nous saurons le dépouillement»... 25 mai. «Paris est agité par l'assemblée. Que va-t-il sortir de tout cela ? - Je voudrais bien qu'ils attendent pour faire leur coup d'État éventé que je sois parti»... 31 mai. «Rien de nouveau ici. La nouvelle Assemblée commence à s'arracher les cheveux. Cela finira mal»
1 500 € - 2 000 €
Lot 201
L.A.S., [Nohant mars ? 1848, à Édouard Charton ?]; 1 page in-8 à son chiffre. Belle lettre de la révolution de 1848. Elle lui fait passer «une lettre de notre commissaire de l'Indre [Alphonse Fleury], qui est mon ami intime et dont la demande ne peut être que juste et méritant toute confiance. Je l'appuye donc auprès de vous de toute ma conscience et de tout mon coeur, vous priant de l'appuyer vous-même auprès du Ministre». Elle aimerait se procurer rapidement «le Cathéchisme républicain d'Henri Martin [...] Quand faut-il vous envoyer le n° 4 de Blaise Bonnin ?»
500 € - 700 €

Lot 202
21 Placards imprimés, Bulletin de la République, 13 mars-4 mai 1848; 64 x 49 cm chaque (qqs petites fentes). Très rare ensemble de ces bulletins rédigés par George Sand, paraissant tous les deux jours, du n° 1 au n° 24; manquent les nos 12, 16, 21 et 25. Lovenjoul 117. «Les Bulletins de la République étaient imprimés en placards et affichés sur les murs de Paris [...] On sait que les Bulletins de la République n'étaient pas signés, mais George Sand en revendique verbalement la paternité». On joint 2 placards: La Commune de Paris par Barbès, Sobrier, Georges Sand et Cahaigne; Louis-Napoléon Bonaparte jugé par Chateaubriand, Armand Carrel, Georges Sand... (Impr. Napoléon Chaix, avec portrait)
800 € - 1 000 €
Lot 203
Politique. 11 documents imprimés, 1848; formats divers. Manifeste des sociétés secrètes. Listes de candidats à l'Assemblée nationale constituante: Candidats démocratiques, Comité révolutionnaire (délégués de 200 clubs), Club démocratique central de la Garde nationale, Club du Bien public, etc. Prospectus de la Société républicaine de bienfaisance pour les pauvres honteux. On joint une Notice sur le chêne-chapelle d'Allouville par A.-L. Marquis
100 € - 150 €
Lot 204
L.A.S., Nohant 7 avril 1849, à Édouard Charton, représentant du peuple; 1 page et demie in-8 à son chiffre, adresse. «Je vois avec joie, avec espérance et désir bien sincère du succès, que vous êtes porté sur la liste des candidats au conseil d'état, j'y vois aussi le nom de Mr Jean Reynaud. Il me paraît impossible que vous ne réussissiez pas tous les deux». Mais elle s'intéresse aussi à un «nom moins connu et moins bien appuyé», son ami Gabriel Planet, «un des hommes les plus intelligens, les plus laborieux, et les plus sincèrement dévoués, de la cause que nous servons. Toute sa vie a été consacrée à cette cause, et les bons patriotes du Berry désirent tous qu'il soit élu». Elle demande ainsi à Charton d'appuyer sa candidature. «Je chercherai avidement votre nom sur la liste des élus. C'est une position qui vous est bien due pour tant d'utiles travaux soutenus avec tant de sagesse et de persévérance»
700 € - 800 €

Lot 205
L.A.S., Nohant 21 septembre 1849, à Édouard Charton; 3 pages in-8. Belle lettre en faveur de son ami le peintre et dessinateur Léon Villevieille (1826-1863). Elle ne sait si Charton s'occupe «toujours directement du Magasin pittoresque», mais il a dû y conserver «une souveraine influence», et elle veut lui recommander «un dessinateur de premier ordre, qui a besoin de vivre comme tant d'autres talens oisifs aujourd'hui. Ce jeune homme, élève et ami du célèbre graveur Jacques [Charles Jacque], a des albums pleins de compositions que ne renieraient pas les premiers paysagistes de ce tems-ci. Il s'appelle Villevieille, et je crois qu'il est assez connu des artistes pour qu'on vous en parle avantageusement. Il occupe un petit emploi à Châteauroux pour avoir quelque chose d'assuré. Mais, cet emploi lui prenant peu de tems, il dessine tout le jour. Il pourrait envoyer des vues du Berry très intéressantes, admirablement senties, et comme il a une grande habitude de dessiner pour la gravure sur bois (sachant graver lui-même au besoin), ses travaux seraient faciles et agréables à exécuter. [...] Il se chargerait du texte explicatif. C'est un garçon éminemment distingué sous tous les rapports et du caractère le plus honorable. Il est l'aîné de mon fils et nous serions bien heureux de lui être utiles»... Elle ajoute: «Nous sommes au milieu d'une affreuse épidémie (une cholérine des plus graves), et nous avons tant de pauvres malades à soigner, que je ne sais plus s'il y a au monde quelqu'un qui se souvienne de moi, tant je suis empêchée de donner des nouvelles à personne. Vous voyez pourtant qu'ayant un ami à servir, j'ai osé compter sur vous comme toujours»
1 000 € - 1 200 €
Lot 206
L.A.S., Nohant 12 novembre 1850, au chanteur Carlo Soliva; 1 page et quart in-8. Au sujet des leçons de chant données à sa fille adoptive Augustine Augustine de Bertholdi. «Mon bien cher maître, Je vous remercie de coeur des soins que vous avez donnés à mon enfant. Elle en est enthousiasmée de joie et de reconnaissance. Elle a compris la valeur de vos conseils et je suis sûre qu'elle les mettra à profit, jusqu'au moment où il lui sera possible de venir vous les redemander». Elle le remercie et veut le payer: «Je crois me rappeler que le prix de vos leçons est 15 f. C'est peu pour de si bonnes leçons et si je me trompe, redressez-moi»
400 € - 500 €
Lot 207
L.A.S., [Paris 1851-1856]; 1 page in-12 sur papier bleu. «Merci mille fois, Monsieur, de votre extrême obligeance. Je vous attendrai aujourd'hui de 1 h. à six heures, ainsi prenez le moment qui vous conviendra le mieux dans la journée». Elle donne son adresse: «Rue Racine 3»
200 € - 250 €
Lot 208
L.A.S., [Paris] 15 février 1852, [à Mme Émilie Guyon ?]; 1 page in-8. «Je n'ai pas reçu la première lettre dont vous me parlez, c'est l'excuse de mon silence qui eut été bien ingrat. Je vous remercie cordialement des sentimens que vous me témoignez et regrette bien de ne pouvoir, en ce moment, vous en exprimer de vive voix ma gratitude. Mais le tems me manque absolument et la santé aussi, pour satisfaire aux nombreux devoirs qui me sont imposés»
300 € - 400 €
Lot 209
L.A.S., [Paris] 30 mars 1852, à Louis-Auguste Thiéblin; 1 page in-8, enveloppe. Lettre «personnelle» au chef de cabinet du ministre de la Police générale [qui avait obtenu des permissions de séjour à Nohant pour Émile Aucante et Fulbert Martin]. «Il est impossible [...] d'être plus aimable que vous et plus prompt à obliger. Je vous assure que je suis bien vivement touchée de votre bonté, et que je n'en perdrai jamais l'agréable souvenir. Veuillez faire accepter à Monsieur de Maupas l'expression de ma reconnaissance et me conserver votre bienveillance auprès de lui. Je ne promets pas de n'y avoir plus recours, mais vous comptez bien, je crois, que ce ne sera jamais pour des choses que vous auriez regret de m'avoir fait accorder»
400 € - 500 €
Lot 210
L.A.S., Nohant 8 avril 1852, à Louis-Auguste Thiéblin; 1 page in-8, adresse. «Vous êtes très bon. Je le sais, je l'ai dit à une mère respectable et affligée qui va vous demander un service sans importance par lui-même dans le sens politique, important pour elle dans le sens de ses intérêts de famille. Je compte bien que vous êtes accessible à tous; mais si mon nom est, comme vous me l'avez fait espérer, un bon souvenir pour vous, je vous demande d'accueillir favorablement Madame Périgois qui vous remettra cette lettre. C'est une occasion que je saisis de vous remercier encore et de vous dire que je n'oublierai jamais vos généreux égards pour mes amis»
400 € - 500 €

Lot 211
2 L.A.S., Nohant 14 et 19 avril 1852, à Louis-Auguste Thiéblin; 4 et 3 pages in-12, une enveloppe. Belles lettres «personnelles» au chef de cabinet du ministre de la Police générale, en faveur de ses amis républicains Fulbert Martin et Émile Aucante. 14 avril. Elle le prie d'intervenir auprès de M. de Maupas en faveur de Fulbert Martin: «Je vous assure qu'il est des hommes qu'on ne peut plus craindre, quelles qu'aient paru leurs opinions, quand on se rend compte de la fatigue et du dégoût qui les avait atteints longtems avant la révolution du 2 décembre, et mieux que personne, vous devez apprécier ces causes dans les esprits délicats et désintéressés». Elle en profite aussi pour le prier de faire renouveler «la permission de sursis qui concerne Mr Émile Aucante mon homme d'affaires», et qui va expirer: «j'ignore si, jusque là, la commission des grâces, auprès de laquelle Mr Émile Aucante, appuyé par la bonne promesse que m'avait faite Mr le Président de la République, vient de se pourvoir régulièrement, aura pu statuer sur son sort. Je serais prise au dépourvu si l'ordre de le faire partir s'exécutait, avant que le résultat favorable que j'espère pour lui, fût arrivé. Mon exploitation agricole, qui est peu de chose, mais qui est tout ce que j'ai, me retomberait sur les bras, et, du moment que j'aurais à compter mes gerbes de bled et à vendre mes moutons, je crois qu'il me serait difficile de voir et de décrire les charmes de la campagne. Vous avez eu la gracieuseté de me dire que vous aviez lu mes romans. Je n'ai pas d'autre titre auprès de vous que de vous avoir désennuyé quelques fois des travaux sérieux. Mais je le revendique pour que vous me gardiez mon compteur de gerbes et mon vendeur de moutons. C'est alors que, tout de bon, je pourrai revenir aux miens». Elle récapitule ses demandes, en précisant que Fulbert Martin demande la «permission de demeurer à La Châtre, où ses intérêts l'appellent impérieusement. Ce n'est pas pour éviter la demande de recours en grâce que Mr Martin ne demande qu'un sursis. Sa situation ne lui ayant pas été notifiée, il craint de l'aggraver en se plaçant dans la catégorie des condamnés. On lui a dit à la police qu'il était blanc comme neige, mais il l'ignore, en somme, car dans la confusion des décisions prises, vous savez qu'il y a eu bien des erreurs de faits»... 19 avril. «C'est encore moi, Monsieur ! Pardonnez-moi, mais il faut bien que je vous remercie, car ce n'est pas à moi, c'est à vous que je dois la sollicitude qui s'étend sur mes amis et sur mes intérêts». Elle a été étonnée des termes de la lettre que lui a adressée le préfet de l'Indre: «J'ai eu presqu'envie de vous gronder de ne m'avoir pas dit qu'il dépendait de lui de faire finir d'un coup mes importunités, en m'accordant d'un trait de plume ce que l'on m'envoyait demander à la commission, et aux autres ministères ? Que cette grâce me vienne de lui par vous, j'en serai très heureuse. J'ai seulement des remords de vous avoir condamné à lire tant de lettres de moi»
1 000 € - 1 500 €
Lot 212
6 L.A.S. («A» ou «Augustine», une incomplète du début), 1852-1870, à George Sand; 19 pages in-8 et 4 pages in-12. Intéressante correspondance à sa mère adoptive. Paris 9 août 1852. Elle vient de rencontrer sa belle-soeur, dont elle dresse à sa «chère et bien bonne mère» un portrait élogieux: elle est si bonne «que je l'aime déjà de tout mon coeur». Elle lui témoigne une tendre amitié et en plus d'être belle comme un ange, «elle a 29 ans et est affligée de 40 mille livres de rente. Son mari est excellent aussi ils ont absolument voulu que nous logions chez eux [à l'Hôtel des Princes rue de Richelieu]. Nous occupons un appartement splendide et sommes comme des coqs en pâte. [...] elle a lu tous vos chefs-d'oeuvre et vous admire beaucoup aussi j'ai été bien fière et bien heureuse de lui dire toute la tendresse que vous avez pour moi et lorsque l'Europe entière se prosterne devant votre nom je remercie Dieu d'avoir fait que vous m'aimez comme votre fille. [...] Bertholdi est toujours fou de joie et vous embrasse avec toute l'effusion de son coeur»... Lunéville 21 novembre 1852. Son mari est de retour de Paris, où il a dîné et est allé au théâtre avec Solange, qui s'est montrée charmante, «même avec lui. Il a été voir Maurice et l'a trouvé très bien logé et installé comme une petite maitresse. J'ai vu par la première livraison du Meunier d'Angibault [...] qu'il ne perdait pas son temps là-bas, ses dessins sont charmants et s'il continue, il remplacera dignement son prédécesseur»... Elle raconte les pénibles démarches effectuées par son mari dans les ministères pour tâcher de trouver de l'avancement, et raconte sa calme vie de province: «je donne mes leçons, je m'occupe de ma maison, de mon enfant et de mon mari, passé cela je vis comme un ours dans sa tanière»... 29 janvier 1853. La période de Carnaval chamboule la vie des salons de Lunéville: «Le beau, le grand, le riche monde d'ici reçoit tour à tour, ce qu'il fait qu'il y a deux ou trois soirées par semaine. Je suis forcée d'aller partout [...] mais ce tohu-bohu loin de me distraire, reporte le plus souvent mon coeur et ma pensée à Nohant [...] où l'esprit des gamins est si fécond et votre bonté si incomparable». Elle n'aime pas Lunéville; son mari et elle multiplient les visites et les demandes pour se faire muter avec de l'avancement. On lui conseille d'utiliser «ma qualité de fille adoptive de Madame Sand et d'appuyer sur la position antérieure de mon mari comme émigré polonais», mais elle ne veut pas l'entraîner dans cette histoire sans son consentement... Nevers 14 octobre 1870. Devant l'avancée des Allemands, elle a fui à Nevers et s'inquiète de la santé de son petit George, qui laisse craindre le pire: «Il espère se remettre sur pied, Dieu le veuille». Nouvelles de proches, d'enfants, etc. 29 décembre 1870. De plus en plus inquiète, elle espère voir l'ennemi battu... George va mal et elle s'inquiète de ne recevoir si peu de nouvelles de Charles, les communications devenant de plus en plus difficiles. «Avant-hier, les Prussiens étaient dans la Nièvre, c'est la quatrième fois que nous pensions les voir. Ils s'en sont allés, espérons qu'ils ne reviennent pas»... [Incomplète]. Elle parle de ses problèmes et de ses inquiétudes, et espère pouvoir venir à Nohant, si sa «mère mignonne» a une chambre pour elle. Elle éprouve cependant «un certain serrement de coeur à la pensée de revoir Solange, sa conduite avec moi a toujours été si inexplicable et j'ai si peu motivé son manque d'affection à mon égard, les vilaines choses qu'elle a dites à Mme Villetard sur mon compte même depuis mon mariage, tout cela est si injuste et si mal que j'aurais aimé ne la revoir jamais. Soyez tranquille, ma mère mignonne, je serai calme et digne, je n'amènerai pas de nouveaux orages dans votre maison»... On joint une L.A.S. de Louis-Eugène Lambert (signée «Lamtubert») à George Sand au sujet des publications de bans et des sommations respectueuses pour le mariage d'Augustine
400 € - 500 €
Lot 213
2 L.A.S., 1853-1860; 1 page in-8 et 2 pages in-12. Nohant 24 juin 1853. Il veut 300 fr. pour le «petit tableau des Muletiers Berrichons, inscrit sous le n°1041»... Jeudi [1860], à Émile Deschamps. Il envoie à son cher Deschamps son ouvrage sur la Comédie italienne, Masques et bouffons, «puisque vous m'avez facilité les moyens de le terminer avec le Sior Valentini». Il lui demande «comment l'on écrit marchand d'esclaves en osque, en grec et en latin, ainsi que taverne, charcutier, marchand d'habits [...] C'est pour une grande aquarelle que je fais en ce moment, et qui représente le forum ou le marché d'Herculanum et qui doit faire suite à une aquarelle déjà faite (chez Deforge) représentant un entracte dans le théâtre de Pompeï»
200 € - 250 €
Lot 214
L.A., Paris 5 août 1854, à George Sand à Nohant; 6 pages petit in-8 à son chiffre, enveloppe avec sceau de cire noire. Très intéressante lettre à sa mère au sujet de ses démêlés avec son mari Jean-Baptiste Clésinger, et sur sa fille Jeanne dont il lui a retiré la garde (la pauvre enfant décèdera six mois plus tard). Après des nouvelles contradictoires, «Jeanne est à Paris chez son père [...] Je l'ai vue avant-hier, et hier j'ai passé une partie de la journée et j'ai diné avec elle - son père ne mangeant pas. Il souffre beaucoup - il perd un oeil, je crois, et cela, joint à 60 mille fs d'oppositions que j'ai fait mettre sur ses travaux, l'a rendu beaucoup plus traitable. Nous avons comparu en référé avant-hier. Le jugement a été rendu en sa faveur. Il était si arrogant, et m'insultait tant, que j'ai été obligée de lui fermer la bouche en lui disant: Oui la justice des hommes est pour vous mais celle de Dieu vous frappe, comme vous le méritez - par des souffrances atroces et la perte de la vue»... Il a consenti cependant à lui laisser voir Jeanne tous les jours, «ce qu'il m'avait d'abord impitoyablement refusé. Je passe donc une partie de ma journée dans une chambre d'hotel avec Jeanne - une bonne et mon mari». Elle est résignée et n'oppose aux colères, aux cris et aux provocations qu'un calme et un silence tels qu'il s'est apaisé. «Il m'a fait voir son esquisse de l'Empereur et m'a porté mes affaires en descendant l'escalier». Maintenant qu'il voit qu'elle ne cherche pas la réconciliation il est moins sur ses gardes, et elle pense que c'est le moment d'être «un peu rusée et de se faire offrir ce qui vous serait refusé en le demandant. J'ai quelque espoir qu'il me rendra Jeanne ou du moins qu'il te la ramènera [...] Elle est un peu maigrie et plus pâle, elle a repris sa tendance limphatique. Elle n'a plus sa belle peau rose et ferme de Nohant. Le 1er jour elle était toute sotte de me voir. [...] Hier elle était gentille tout plein. Elle m'a demandé si grand maman avait fini Trianon»... Elle espère bientôt passer à Nohant pour lui faire ses adieux, avant d'aller à Luchon
400 € - 500 €
Lot 215
2 L.A.S., Nohant 1854-1855, à l'imprimeur Henri Plon; 2 pages in-12 et 1 page et quart in-8. [6384, 6570] Au sujet des épreuves d'Histoire de ma vie. 5 septembre 1854. «J'ai reçu deux feuilles épreuves de l'Histoire de ma vie. Veuillez me faire savoir si c'est à vous que je dois les renvoyer corrigées, et si l'autorisation dont la bande d'envoi fait mention, m'autorise, moi, à vous retourner les épreuves sous bande avec les corrections manuscrites, en payant seulement un sou la feuille comme pour les imprimés ordinaires, enfin, si je dois faire mention aussi sur la bande de l'autorisation»... 9 février 1855. «Je ne compte rester que vingt-quatre heures à Paris, et à Nice, que quelques jours, car je veux parcourir le littoral, une promenade en un mot, par ordre du médecin, et je ne peux pas être en mesure par conséquent, d'attendre et de corriger des épreuves. Je vous ai demandé de vouloir bien mettre le mois de Mars à profit pour m'en envoyer beaucoup. Si vous n'avez pas la précaution de donner des ordres à cet égard, je serai forcée de faire corriger par un de mes amis qui fera le mieux possible, mais pas avec autant de sévérité que moi-même probablement. Dans l'intérêt de la publication vous devriez donc hâter le travail en ce moment-ci»
800 € - 1 000 €
Lot 216
L.A.S., Paris 10 mars 1855, [au comte Alphonse de Rayneval]; 2 pages in-8, à en-tête Maison de S.A.I. le Prince Napoléon Bonaparte, Secrétariat des Commandements. Recommandation en faveur de George Sand qui va à Rome. «Le Prince Napoléon [...] me prie de vous recommander Madame Dudevant qui se rend à Rome. J'ai trop bonne idée des cardinaux pour écrire qu'ils connaissent les ouvrages de George Sand et, pourvu que la voyageuse que je vous annonce ne parle mal ni de la trinité ni de l'immaculée conception, je les suppose hommes de trop bon goût pour la troubler dans son admiration pour les monuments antiques. Cependant, si son incognito venait à être découvert, [...] si on voulait troubler son séjour dans la ville éternelle, je vous serais très obligé d'y mettre ordre. Madame Sand, pour l'appeler par son nom, honore les lettres françaises, et, à ce titre, elle a droit à notre protection à l'étranger»
100 € - 150 €
Lot 217
L.A.S., Paris mercredi soir [12 septembre 1855, à Alexandre Bixio]; 1 page et quart petit in-8. [6828] Avant la création de sa pièce Maître Favilla à l'Odéon (15 septembre 1855). «Il m'est impossible de disposer d'une heure, cette semaine. On joue une pièce de moi samedi, et vendredi, il y a deux répétitions générales, l'une à midi, l'autre à 7 h. et cela dure trop longtemps pour que je puisse m'en dépêtrer dans un intervalle quelconque. Croyez bien que j'enverrais promener tout cela, s'il n'y avait pas devoir d'être à mon poste. Vous m'intriguez avec votre ami mystérieux. J'espère que je vous verrai la semaine prochaine et que je verrai Abeille aussi, mes amours»
300 € - 400 €
Lot 218
Manuscrit autographe, Pendant le solo de harpe, [septembre 1855]; 1 page petit in-4 au crayon. Addition écrite pendant les répétitions de la pièce Maitre Favilla (créée au théâtre de l'Odéon le 13 septembre 1855). «Pendant le solo de harpe. Dieu de grâce et de bonté, dissipe les ténèbres qui l'environnent ! N'a-t-il pas assez souffert, lui qui n'avait rien à expier ! Rends ta lumière à cette âme si pure et que, délivrée de son trouble, elle savoure le seul bonheur qui lui convienne, celui d'être ardemment aimé ! Favilla (à l'orchestre): Continuez !»
300 € - 400 €
Lot 219
3 L.A.S., 1855-1883, à Édouard Charton; 2 pages in-8 et 1 page in-12. Au directeur du Magasin Pittoresque. 3 décembre 1855. Arrivé à Paris, il demande de lui envoyer les bois qu'il aurait aimé recevoir à Nohant: «j'aurais pu y faire les études nécessaires aux détails. Mais malgré cela, j'espère être en mesure de les faire tout de suite». Sa mère est aussi à Paris: «elle est chez elle tous les dimanches, de 2 à 5 heures - et elle sera bien enchantée de vous voir»... Les Sables d'Olonne 17 juillet 1876. Il remercie Charton de l'aide qu'il lui offre pour la publication de la correspondance de sa mère «quand le moment sera venu»... Paris 8 février 1883. Il remercie pour l'envoi de lettres de sa mère, dont il a pris copie pour la publication de la Correspondance: «Certainement j'en admettrai d'autres avec plaisir, sauf à retrancher certaines parties sans intérêt pour le public ou par trop intimes»... On joint une l.a.s. d'Édouard Charton à Busoni (1864)
200 € - 250 €
