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Vente 05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6

05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6
5 novembre2014
Heure14:15
LieuDrouot Richelieu - Salle 6
05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6
3 Collections
estampes - gravures - aquarelles
dessins par Gustave Dore
manuscrits de et autour de George Sand
Lot 240
L.A.S., Nohant 4 octobre 1865, à l'acteur Maurice Desrieux; 3 pages in-8. Amusante lettre. «Avez-vous connu Soeur Anne ? [...] Eh bien j'agis comme elle en regardant au loin si quelque messager n'apporte pas une réponse du théâtre du Châtelet. Je ne vois que la route qui poudroie, quant à l'herbe elle ne verdoie plus»... Il s'inquiète de savoir s'il a reçu la «bourriche de ceps frais et sains comme l'oeil», qu'il lui avait adressée au Châtelet. Il craint qu'ils ne se soient perdus «dans les eaux du déluge. Combien de choses se sont perdues dans ce cataclysme et ma bourriche aura subi le même sort». On la retrouvera peut-être plus tard à l'état de fossile et les savants décrèteront «que ce panier d'osier était la colonne vertébrale d'un mastodonte». Il s'inquiète aussi de n'avoir aucun retour au sujet de la pièce qui n'allait pas et à laquelle il avait proposé d'apporter toutes les modifications nécessaires, «coupures et tableaux nouveaux que vous voudriez». Il le relance: «Raoul Desrieux ou Maurice de la Châtre, à la rescousse !»
120 € - 150 €
Lot 241
L.A.S., Nohant 27 février [1867], à son ami le Dr Pierre-Paul Darchy; 3 pages et demie in-8 à son chiffre. [13054] Elle s'inquiète des Ludre Gabillaud: «Ils continuent à être inquiets de Mme Ludre. Pestel dit qu'ils ont tort. Pourtant cet état se prolonge trop et je voudrais vous voir auprès d'elle. Peut-être emploieriez-vous résolument un traitement plus énergique. Je crois que le pauvre Ludre deviendrait fou s'il perdait cette chère compagne. Ma santé à moi est redevenue bonne après deux mois de tendance à l'anémie. Je peux travailler, c'est l'important». Elle a donné le manuscrit du roman de Darchy à Alphonse Peyrat (directeur de L'Avenir national) «sans l'avoir achevé de lire. [...] je n'avais pas le temps à Paris, où l'on n'a pas celui de respirer, et puis je me suis trouvée trop malade pour lire l'écriture fine. Un jour, Peyrat étant chez moi, j'ai saisi l'occasion pour lui dire: Prenez donc ce livre dont je vous ai parlé. Il est très bon et très curieux. Lisez-le. Il m'a répondu: Du moment que vous en êtes contente, je n'ai pas besoin de le lire, je l'emporte. Il paraîtra après celui qui est en cours de publication et qui est long. Vous savez que [nous] ne payons pas bien cher. Comme j'avais échoué ailleurs, j'ai accepté et, comme Peyrat est digne de toute confiance, je n'ai pas cru devoir l'interroger. À présent, je pense que le moment approche et j'en causerai avec lui [...] Ce que j'ai lu de ce roman m'a semblé curieux, intéressant, instructif comme moeurs, et convenablement écrit»
600 € - 800 €
Lot 242
3 L.A.S., Nohant août-novembre 1867, à Elme Caro; 3 pages, 2 pages et demie, et 2 pages et demie in-8, à son chiffre. Au sujet de son petit-neveu Edme Simonnet qui se présente au baccalauréat. 6 août. «Je suis la grand'tante de trois grands petits-neveux que, déjà, vous m'avez aidé à tirer d'affaire. Tous trois sont de bons sujets, intelligents, et travaillant bien. L'aîné [René] est reçu avocat. C'est au tour du second à être reçu bachelier. C'est une émotion nouvelle pour leur mère et pour moi, car il n'y a pas de fortune, et si ce cher enfant venait à ne pas bien répondre, une année perdue dans cette vie précaire serait un accident fâcheux. - Avez-vous encore un peu d'amitié pour moi ? Pourquoi non, puisque vous m'avez acceptée avec mes défauts ? Eh bien, prenez encore notre enfant sous votre aile. Parlez aux examinateurs qu'il aura, appelez leur indulgence sur un brave garçon dont on a toujours été content au collège, qui a travaillé, et qui sait; mais qui peut se troubler, s'éblouir, et qu'un regard ami peut remettre sur ses pieds. Je ne demande pas une préférence et une injustice, je n'aurais pas l'espoir de l'obtenir; je sais que l'enfant mérite ce que je demande et comme c'est à vous que je le demande, je l'obtiendrai, n'est-ce pas ? [...] Mon neveu s'appelle Edme Simonnet du lycée de Châteauroux»... 26 août. Elle le remercie. «C'est vous qui êtes l'enchanteur, car vous savez m'adoucir une mauvaise nouvelle par la sollicitude que vous me témoignez. Mon pauvre enfant est tout désolé, et je persiste à croire qu'il s'est troublé, et que dans le moment où vous êtes sorti, on lui a fait perdre la tête. C'est un bon élève, studieux et sage; mais nos berrichons ont toujours l'air d'imbécilles quand on les tiraille. Ils ont l'esprit en dedans. Pauvres enfans ! Je comprends bien ça, moi. Si on m'interrogeait sur les choses que j'ai le plus étudiées, je ne pourrais pas répondre un mot. Gardez lui votre protection pour qu'il puisse prendre sa revanche. Je vous tourmenterai encore pour vous le rappeler [...] J'ai tant de malheur et de chagrin ! J'ai perdu mon pauvre vieux ami Rollinat dont vous avez dû entendre parler, car vous êtes venu à Châteauroux. C'était un spiritualiste et un croyant à ma manière. Je ne suis donc pas inquiète de lui, il avait toutes les vertus, tous les mérites ! Mais que la vie est déchirée pour moi !»... 24 novembre. «Non, il n'a pas perdu son tems. Il a travaillé du matin au soir et n'a pris aucun plaisir. C'est un brave enfant, plein de raison, intelligent et qui s'affecte outre mesure de ses deux échecs. Il n'a jamais eu que d'excellentes notes au collège de Châteauroux: mais il est nerveux, c'est un vrai berrichon qui perd la tête quand il n'est plus dans son milieu. Sera-t-il plus heureux, une autre fois ? Non. S'il ne rencontre pas une extrême indulgence, je commence à craindre que ce ne soit pire, car il a l'esprit frappé et nous sommes forcées, sa mère et moi, de le consoler. Nous craignons qu'il ne tombe malade de chagrin. [...] il faudra que vous fassiez quelque miracle pour notre enfant, quand il se représentera. Je vous jure que je n'arrange rien. Je ne saurais pas mentir. C'est un être excellent, plein du désir de bien faire et de se bien conduire. Vous savez bien qu'il y a des organisations qui se dissolvent devant une épreuve. J'en serais, moi, si vous m'interrogiez solennellement, je serais capable de vous répondre que deux et deux font sept»
1 200 € - 1 500 €
Lot 243
L.A.S. «GS», [Nohant décembre 1867, à Anna Devoisin]; 1 page in-12. «J'ai envoyé la note aujourd'hui en la recevant, et j'ai écrit de nouveau de la manière la plus pressante. Ma santé est rétablie. Je t'embrasse»
150 € - 200 €
Lot 244
L.A.S., Paris 5 avril 1868, au marquis de Chennevières; 1 page in-8. Il le prie de «faire admètre ma gravure de la Source d'après Ingres à l'Exposition»
100 € - 120 €
Lot 245
L.A.S., Nohant, 28 juin 1868, à Adolphe Joanne; 2 pages et quart in-8 à son chiffre. [13716] À l'éditeur des guides de voyage, après son passage à Grasse. «Ces erreurs n'étaient pas si graves, cher ami, puisque je m'en souviens à peine. Et puis, ce sont les erreurs d'appréciation de quelqu'un qui n'a peut-être pas vu par lui-même, ce ne sont pas des erreurs de fait. Il y a bien des prétendus Rubens dans l'église de Grasse, mais ce sont de médiocres tableaux italiens d'une époque très antérieure. Il y a bien une villa Sardou où Rachel est morte, mais ce n'est pas une belle villa, c'est une maison folle et affreuse, bâtie par un fou illuminé, et il y aurait une curieuse et triste description à faire de ce dernier asile de la pauvre Rachel. À Grasse la maison de Fragonard toute décorée à fresque par lui, méritait une mention plus étendue. J'oublie mes autres objections si j'en ai. Quand vous ferez une seconde édition, vous me le direz et je consulterai mon journal de voyage. Tout cela n'empêche pas votre grande entreprise de guides, d'être intéressante, utile, bien faire, et de vous faire le plus grand honneur». Elle ajoute que ses «deux petites-filles sont charmantes»
600 € - 800 €
Lot 246
L.A.S. «S.», Paris 21 octobre 1868, [à Charles Poncy]; 3 pages in-8. Elle cherche à se faire engager par Girardin à La Liberté et demande à Poncy de l'aider: «J'ai prié ma mère à son dernier séjour ici d'obtenir que M. Girardin me donnât de l'ouvrage dans son journal. [...] Je connais M. de Girardin mais demander pour soi est très difficile. Et puis il n'oserait peut-être pas refuser à ma mère ce qu'il n'accorderait pas à une autre». C'est bien une «question d'argent». Malgré ses promesses, sa mère ne s'en est toujours pas occupé et a chargé Maurice de le faire. Sans nouvelles, Solange s'inquiète de savoir si Girardin a bien reçu quelque chose: «Je vais encore relancer Maurice. - Et si le silence continue, il me faudra y renoncer. Dans ce cas, je dois aller passer deux mois chez la marquise Viviani à Spa - question d'économie»... Elle souhaite cependant voir Poncy avant de partir, et elle le remercie de tout ce qu'il a fait pour M. d'Aurel, en le priant d'excuser sa maladresse: «J'ai été indiscrète à bonne intention pour lui. Il ne l'a pas comprise et vous a écrit une lettre sotte. [...] Son état de santé est sa seule excuse. [...] Le pauvre Chopin si bon et si bien élevé avait une irascibilité semblable. Il faut pardonner à ceux qui souffrent». Elle attend les Poncy et va faire préparer l'appartement et les lits
200 € - 250 €
Lot 247
L.A.S., Nohant 17 mars 1869, à son ami le négociant André Boutet; 1 page in-8. «Mon ami, voulez-vous remettre pour moi, à Mr Henri Cantel pour solde de livres qu'il m'a envoyés, et dont j'ai la note, la somme de 100 fr.»... Un reçu a été signé en tête de la lettre
200 € - 250 €
Lot 248
L.A.S. «ta tante», [Paris] mercredi soir [26 janvier 1870], à son petit-neveu Edme Simonnet; 1 page in-8 à son chiffre. [14785] «Cher enfant, on ne peut se passer de moi à l'Odéon cette semaine. Pars donc sans moi, j'espère te revoir bientôt chez nous. C'est bon, le chez nous ! Je te bige mille fois»... On joint le faire-part de décès d'Hippolyte-René Simonnet (1897)
250 € - 300 €
Lot 249
Lot 249
Manuscrit autographe signé, Césarine Dietrich, 1870; 1002 pages in-8, en 88 cahiers. Manuscrit complet du roman Césarine Dietrich. Commencé au début de juillet 1870, le roman est terminé le 11 août 1870, en plein déclenchement de la guerre de 1870; Sand écrit à Flaubert le 15 août: «J'ai fini un roman au milieu de cette tempête, me hâtant pour n'être pas brisée avant la fin. Je suis lasse comme si je m'étais battue avec nos pauvres soldats». Césarine Dietrich paraît en 4 livraisons dans la Revue des deux mondes du 15 août au 1er octobre 1870 (George Sand a corrigé les épreuves du 4 août au 19 septembre); retardée par la guerre et la Commune, l'édition en librairie chez Michel Lévy n'aura lieu qu'en septembre 1871. Comme le remarque Wladimir Karénine, Césarine Dietrich occupe une place à part parmi les derniers romans de George Sand: «l'héroïne demeure la même jusqu'à la fin, ce qui est contraire à la poétique de George Sand, elle ne devient ni tendre, ni désintéressée, ni moins égoïste. Césarine ne ressemble donc en rien aux autres dames et demoiselles de George Sand transformées par la puissance du vrai amour. Césarine n'aime qu'elle-même. C'est une toute jeune personne, presque une enfant dont la narratrice de cette histoire, une pauvre vieille demoiselle noble, doit faire l'éducation. Césarine est la fille gâtée et capricieuse d'un riche commerçant; elle n'a plus de mère, et veut non seulement arranger sa propre vie à sa guise, mais encore faire la loi à cette gouvernante, à son père, à tous ses parents et adorateurs. L'aplomb et la suffisance ne lui manquent pas plus que l'adresse et l'habileté à se tirer d'affaire. Elle a toujours le dernier mot, ne se laisse jamais surprendre ni attraper. Sa marche victorieuse à travers la vie rencontre toutefois un obstacle inattendu dans la personne du neveu de sa gouvernante. Ce jeune homme, que Césarine veut compter au nombre de ses adorateurs, décline cet honneur et lui témoigne de l'indifférence. Césarine offensée entreprend une attaque en règle contre le jeune stoïcien, mais le jeune homme la repousse, bien qu'il soit, au fond de l'âme, subjugué par son charme; il ne veut ni se laisser écarter du droit chemin, ni manquer à ses principes. Césarine trahit involontairement devant sa gouvernante sa vraie nature, elle révèle sa fausseté, sa sécheresse, l'absence de toute morale. Puis elle pousse à la démence, à la fureur le plus humble de ses adorateurs, le marquis, qui provoque en duel le fils de sa gouvernante. À la fin, ayant manqué son but et désirant donner le change à ses proches par dépit, par amour-propre, par désir vaniteux de faire admirer la grandeur de sa conduite, elle épouse ce marquis, demi-fou, espérant étonner tout le monde. Cependant immédiatement après son mariage, dame Césarine s'efforce de faire la conquête de son ennemi le plus acharné, l'ami du marquis. Et l'auteur laisse entendre que ce nouveau flirt va trop loin. Il est évident que Césarine, mariée, continuera ses manoeuvres, ses "campagnes", ses triomphes et ses "captures", que, par la logique même des choses, les amusements de cette coquette à froid ne seront plus les innocents romans de Césarine jeune fille». Elle ajoute: «L'attention publique prise par la guerre fit que peu de personnes l'ont lu lors de cette première publication, c'est le roman le moins connu de George Sand. Chose curieuse: Césarine, son père sympathique et bonasse et toute leur parenté sont justement des Alsaciens allemands naturalisés à Paris, se considérant eux-mêmes comme des Allemands» (W. Karénine, George Sand, sa vie et ses oeuvres, t. IV, p. 581-582). Nicole Mozet a mis en évidence que Césarine Dietrich est une réécriture par George Sand du roman de sa fille Solange, Jacques Bruneau (1870), notamment dans sa «thématique sado-masochiste», avec «la condamnation de la femme coquette et tyrannique, mais accompagnée d'une analyse très poussée de la violence érotique. On a l'impression que Solange a entrouvert pour sa mère une porte qui jusque-là lui avait résisté: bien que complètement ignoré, Césarine Dietrich est un des très grands romans sandiens». Solange a directement inspiré «ce personnage de femme mauvaise dès l'enfance, et impossible à amender car incapable d'aimer» (Nicole Mozet, «Deux romans de la violence érotique: Jacques Bruneau, de Mme Clésinger-Sand, et sa réécriture sandienne - Césarine Dietrich», in George Sand écrivain de romans, Christian Pirot, 1997, p. 117-129). Le manuscrit est rédigé à l'encre brune sur 88 cahiers constitués de 5 ou 6 feuillets doubles cousus d'un fil blanc, écrits au seul recto. Il est divisé en quatre parties: 1ère partie (cahiers 1 à 23, pages 1-231), 2e partie (cahiers 24 à 45, pages 232-487), 3e partie (cahiers 46 à 66, pages 488-736), 4e partie (cahiers 67 à 88, pages 737-1002). Le manuscrit a servi pour la composition du texte pour la Revue des deux mondes, et porte les noms des typographes. Il présente d'importantes variantes, avec des nombreuses ratures et corrections, et des addistions interlinéaires. Quantité de passages, parfois de plusieurs lignes, sont biffés et recouverts d'un trait large qui laisse lisible la leçon primitive, avec une nouvelle version rédigée dans les interlignes. Parfois un feuillet rapporté et collé témoigne d'un remaniement plus important. Le manuscrit est signé et daté en fin «Nohant 15 juillet 70» (probablement pour faire croire au lecteur qu'il a été achevé avant la déclaration de guerre)
25 000 € - 30 000 €
Lot 250
L.A.S. «Solange», Cannes 24 novembre 1870, à Auguste Clésinger; 2 pages in-8. Encouragement patriotique à son ex-mari. Elle est très touchée par son souvenir, qu'elle ne veut pas considérer comme un dernier adieu. «Si effroyable que soit l'heure présente, si pénible et périlleux que devienne encore l'accomplissement du devoir patriotique, il est un terme à tout. [...] Il est beau à vous de vous jeter dans la mêlée à ce moment suprême. Ce n'est pas à une mort glorieuse que vous marchez; c'est à la victoire. Cellini n'a pas péri au siège de Rome. Il y a tué le connétable de Bourbon et c'est en France qu'il est ensuite venu créer des oeuvres impérissables. - Il ne se peut pas qu'un projectile inepte, lancé par une main stupide, atteigne un cerveau de génie. Le vôtre appartient à l'histoire de l'art et doit produire de nouveaux chefs-d'oeuvre. Croyez en votre étoile, en dépit des misères de la vie. Le travail est le plus bel apanage de l'homme et c'est ce qui le fait grand»... Si toutefois quelque accident lui arrivait, Solange réclamerait le droit de le soigner. «Courage ! Espoir ! La cause est sainte; vous ne succomberez pas»... On joint une petite l.a.s de Solange Clésinger à Armand Barthet, «Illustre Moineau»; une l.a.s. d'Auguste Clésinger (1865); et une l.a.s. de Clésinger père à Jean Gigoux (Besançon 1839)
200 € - 300 €
Lot 251
Manuscrit autographe par les deux, [vers 1873]; 1 page in-8 au crayon. George Sand et sa petite-fille. Le haut de la page est occupé par une dictée faite par George Sand à sa petite-fille Aurore (qui a noté plus tard en marge: «de George Sand - dictée à Lolo»), qui commence à écrire: «La poule blanche a de beaux yeux qui brillent sous sa blanche huppe un beau petit ventre soyeux qui va bouffant comme une jupe». À la suite de sa petite-fille, George Sand poursuit de sa main ce petit poème: «elle a quatorze nourrissons qui lui servent de crinoline couleur d'ambre sont leurs toisons avec des becs de cornaline sa huppe se dresse en turban son aile se courbe en faucille elle est fière comme Artaban d'avoir une telle famille»
400 € - 500 €
Lot 252
L.A.S., 3 décembre 1873, au peintre Charles Marchal; 3/4 page in-8. Belle lettre de condoléances pour le décès de la mère de Marchal: «Tu vas voir comme il est dur de ne plus voir personne quand on regarde au dessus de soi dans la vie, et comme on est toujours un petit enfant devant le souvenir de sa mère, tu vas regarder partout, tu vas la chercher comme au temps où tu t'accrochais à ses jupons - c'est le plus cruel mais c'est le plus durable des chagrins et c'est ce qui fait qu'il est le meilleur et le plus doux même, car les chagrins qui s'en vont ne vous laissent qu'humiliation de n'avoir pas su les retenir. J'ai le portrait de ma mère devant moi, elle est partie depuis 15 ans - tous les dimanches je cherche ma plume pour lui écrire comme autrefois [...]. Garde ta peine, souffres la, supportes la. Fais-en ton amie, et ta mère alors sera encore là. Il n'y a de morts que ceux qui sont oubliés»... On joint une l.a.s. de Charles Marchal, 6 avril 1869, à sa «bonne mère», lui annonçant sa venue pour dîner le lendemain
200 € - 250 €
Lot 253
L.A.S., Nohant 1er janvier 1875, à son ami le Dr Pierre-Paul Darchy; 2 pages et demie in-8 à son chiffre. [17195] Après les souhaits de bonne année, elle dit à son «bon vieux»: «Nous t'aimons toujours, nous te regrettons toujours, nous désirons toujours que tu reviennes. Il y aurait à présent bonne place pour toi à reprendre au pays, car il n'y a plus en exercice que des jeunes, et quelques-uns si nouveaux qu'on les redoute plus qu'on ne les appelle. Je sais bien qu'on paie mieux au pays marchois, mais le métier y est plus rude, et, quand tu auras gagné de l'argent, tu auras peut-être envie de revenir près de tes vieux amis qui déplorent ton absence. Ici à Nohant, nous allons tous très bien, sauf moi qui ne vais que passablement, sans rhume et sans grippe pourtant, ce qui est un grand point. Les fillettes sont superbes, l'aînée est en train de devenir grande comme la tienne. Ce sont des enfants excellents, bien que gâtés comme tu penses»
500 € - 700 €
Lot 254
Faire-part de décès, juin 1876; 1 page imprimée in-4 (froissée et salie, 2 coins déchirés), timbre au dos. Faire-part du décès de «Madame George Sand, Baronne Dudevant, née Lucile, Aurore, Amantine Dupin [...] décédée au château de Nohant le 8 juin 1876, dans sa 72e année». On joint le faire-part du mariage de Maurice Sand avec Marceline Calamatta, mai 1862 (1 p. in-8 impr., adresse à A. Despruneaux)
100 € - 120 €
Lot 255
31 Lettres ou pièces, la plupart L.A.S., d'amis ou relations de George Sand, ou la concernant. Hortense Allart de Méritens (3 l. de Montlhéry, 1860), Bara (facture à en-tête de Bara, marchand oiseleur), Pierre-Antoine Berryer (à Merle), Bocage (à Goubaux), Henri Brisson (1879, sur A. Fleury), Marie-Louise Bourget-Pailleron (visite à Nohant et Gargilesse), François Buloz (1846), général Cavaignac (à Hetzel), Pauline Duchambge (à M. de Forges), Alexandre Dumas fils (3), Antoine de Genoude (2, dont une en 1825 sur Chateaubriand), Alphonse Giroux (facture à son en-tête), Adolphe Guéroult (avec photo), Philipon et Stephen de La Madelaine, Alexandre Manceau (1854, à Ursule Jos), Paul Meurice (2 à J. Claretie, 1904), Prince Napoléon (1849), Édouard Pagnerre du Journal du Loiret (2 à Victor Borie à Nohant, 1847-1849), Gabriel Planet et Michel de Bourges (à Alfred Laisnel de la Salle), Edmond Plauchut, comtesse de Pontcarré (1821, au marquis de Cordoue), Aurore Sand (1895, à Mme Cochot), Louis Ulbach (1845, longue lettre sur Venise). On joint un plan au crayon pour aller de la gare de Palaiseau à la maison de G. Sand; une lettre d'une certaine Louise parlant du Dr Émile Regnault à Bourbon-l'Archambault (1845); un programme du Théâtre des Célestins de Lyon pour François le Champi (1850); 2 musiques lithographiées (romance de Loïsa Puget, et Quadrille berrichon de François le Champi par Ancessy, couv. illustrées, défauts); une petite photo de Sand (coll. Félix Potin)
500 € - 700 €
Lot 256
Lot 256
43 L.A.S. (4 non signées dont une incomplète), Paris, Cannes, Pau, Montgivray vers 1877-1898 et s.d., à Georges Loutil; 117 pages formats divers, une adresse et une enveloppe. Très intéressante correspondance amicale, souvent intime, avec ce juge de paix de La Châtre, d'environ 30 ans son cadet, vieux garçon et «jeune camarade». Elle comporte de nombreuses commissions relatives à ses biens dans le Berry, des demandes de conseils pour ses finances, des invitations à dîner ou à voir le buste de sa mère par Clésinger, des jugements littéraires et politiques parfois dans un langage assez cru. Elle exprime souvent un vif intérêt pour l'avenir de Loutil -mariage, postes à Alexandrie et Paris, héritage à préserver -, et parle aussi, avec une grande franchise, de son propre caractère passionné, de ses regrets tardifs et solitaires, de son dégoût de la vie. Nous ne pouvons en donner ici qu'un rapide aperçu. Paris [1876 ?] (deuil), après la mort de sa mère: «Que de fois on pense en soupirant: "Si elle était encore ici, je lui dirais ceci. J'irais la consulter, lui porter telle fleur, telle objet qu'elle aimait. Et comme telle autre chose lui eût fait plaisir !" - Combien de fois en voyant quelque chose de nouveau ou de beau je me suis dit, "Qu'en aurait pensé ma mère !" - Cependant je vivais, hélas ! hors d'elle, à part de sa vie quotidienne. Mais je lui écrivais, je lui soumettais mes idées, mes jugements - et elle me répondait»... 14 décembre [1877 ?]. «Je viens d'engloutir La Tentation de St Antoine de Flaubert. Oeuvre maladive, tourmentée, pénible, surchargée de travail - piochée à la fureur, insensée, malsaine, fatigant le lecteur autant qu'elle a éreinté l'auteur. J'en suis sortie brisée, à moitié folle, la tête rompue, le corps moulu - malade au moral et au physique; comme au sortir d'un cauchemar atroce, d'une nuit de délire, d'une fièvre cérébrale»... D'autres appréciations de la Vie de V. Alfieri, Samuel Brohl de Cherbuliez, Jacqueline Pascal de Victor Cousin... Cannes 6 février [1879], explications sur son choix de se «ruiner»... Dégoût pour la politique bête et sans gêne «de cette grande p... qu'on appelle la république. Pour moi - MacMahon - ou Grévy: Pierre ou Jules - c'est peu intéressant. Ejusdem farinæ. Des gens qui veulent des places, pour empocher de l'argent. Rien de plus»... 11 juin 1881, sur son affection pour l'ami mélancolique: «De la raclure de pomme de terre crue sur la brûlure - telle est l'amitié, son secours et son effet»... 9 juin 1882. Comme Robert le Diable, elle se trouve entre un bon ange et un mauvais démon. «Ce démon est terrible, c'est celui du passé, la lueur finale d'un rayon perdu, la dernière étincelle de vie. Après ça, les ténèbres, la morne vieillesse et les lentes approches de la fin. Cela vous explique pourquoi je me cramponne à l'absurdité d'une si décevante affection. Là est le secret, allez ! L'aspect et la contagion d'une autre vieillesse, plus vieille encore que la mienne, m'épouvantent [...] sans compter qu'il est pénible, douloureux même pour une personne qui a la déplorable infirmité de ressentir profondément, de rompre avec une amitié de neuf ans»... 8 juin 1884. «Maison en détresse ! Plus de santé, plus d'argent»... Elle demande le compte et l'éventuel solde des intérêts Périgois, pour «ce qui ne concerne pas la maison et son acte»... 18 décembre 1890, satisfaction du dénouement du procès Patureau; de chagrins: morts de MM. de Lafayette et Charles Poncy, maladie grave de sa nièce Gabrielle à Rome, et le marquis d'Alfieri «incapable de m'écrire»... 15 janvier 1892. Loutil se retrouve solitaire à remâcher les souvenirs: «comme moi cette nuit, on fouille dans les correspondances lointaines du printems de sa vie, - et l'on se mord les points d'avoir méprisé l'amour adorable de celui-ci, l'amitié grondeuse mais dévouée de celui-là - la sympathie grande qui s'élevait autour d'une jeunesse en fleur - et dont rien dans l'âge avancé ne peut détruire l'enchanteresse et poignante remémorance, non plus que compenser l'irréparable perte. Le prince Radziwill ! Il m'est apparu cette nuit grandi de cent coudées - dans sa correspondance de 1858 - à 1862. Quel style aristocratique, quelle suavité de sentimens - quelle adoration respectueuse et vibrante cependant ! [...] je l'ai laissé à côté - comme une sotte gorgée de succès - comme une imbécille étourdie que j'étais»... 20 janvier 1893, hiver sibérien: «Je lis des ballades glacées de Walter Scott, de ses admirables descriptions du paysage écossais et puis j'attends patiemment que mes jeunes voisins aient fini leurs partages - afin de savoir si j'aurai la maison»... 16 septembre. Réflexions sur l'insipidité et l'ennui de la vieillesse, alors que le «désir de plaire, c'est la coquetterie du coeur; c'est une insinuante et gracieuse flatterie» possible à tout âge, comme le prouvent les Dutheil. «Ne plus s'inquiéter d'être agréable, c'est tomber à l'état de boeuf inerte de nos étables»... 3 janvier 1895. Elle l'avertit que quelqu'un, en poste à Lignières, convoite la place de Loutil à La Châtre: «il conteste un point de droit, il ergote sur sa compétence, il admire George Sand, Clésinger, la grâce épistolaire de sa veuve; car il n'a pas fait qu'un peu de statuaire»... 30 décembre 1897. Elle a perdu son «ami exquis, incomparable», de 40 ans, «le marquis Alf. [Carlo d'Alfieri] - Mes derniers jours sont désemparés, pleins d'effroi, de désolation, d'inutilité ! L'âge, la distance, les obstacles n'avaient rien amoindri des sentimens réciproques, ardents et dévoués de deux coeurs faits pour s'aimer, deux esprits pour se comprendre, deux visages pour se plaire. Si des circonstances infranchissables et odieuses n'avaient séparé ce qui était pour ne jamais se quitter, Montgivray ne m'aurait jamais vue ni Paris jamais possédée. Romanesque et cruel roman de la vie réelle»... 21 août 1898: «être revenue après 22 ans d'absence [...] pour chercher la trace des pas de Valentine et de Bénédict, celle des sabots du cheval d'Edmée de Mauprat... Avoir cru pouvoir gagner la chose difficile et revêche qu'on appelle vieillesse [...] pour régler encore à 70 ans, des comptes de pirates ardoisiers ou de maçons dignes du bagne, c'est un joli comble !»... La justice «fait deux coupables au lieu d'un. M. Dreyfus - et un Esterhazy, un Picquart et un Mercier, une justice qui répond: Peut-être !»... 24 août, exaspération contre les artisans du Berry, mêlée de considérations sur Virgile et Chénier («enthousiasme et délices» de la relecture)... 9 décembre. Elle réclame des experts: «La bonne affaire de la route est tellement atténuée par les pilleries insensées des derniers détails avec mes coreligionnaires, qu'ils se trouvent, que les juifs sont délicats, généreux et larges, tandis que les chrétiens se montrent rapaces et corsaires»... Montgivray jeudi 15 [décembre]. Elle précipite son voyage à Paris pour affaires: «le logis de Paris est tout imprégné, embaumé de la présence chère qui ne se reproduira plus. Cette peine d'ailleurs est comme une brûlure incurable. Elle creuse et gagne chaque jour [...]. Je n'ai jamais su aimer ou mépriser à moitié. Là j'aimais tant, j'étais tellement adorée que je me sentais rehausser et grandir par une telle tendresse. L'amitié a ses ardeurs aussi, ses exigences, sa déraison, peut-être; en tout cas ses enthousiasmes et ses emportemens - autant que ses désespoirs et ses rages. Tel est mon cas. J'ai trouvé là depuis 40 ans un coeur incomparable dont le mien s'est épris avec passion. Un amant, ça se remplace, mon cher. Mais un tel ami se regrette, se pleure, ne s'oublie jamais»... Pau 5 janvier. Récit animé de quelques jours passés avec une vieille amie à visiter Bayonne et Biarritz. Depuis le départ de Mme Clairin, elle cherche à combler le vide avec l'étude de La duchesse de Longueville de V. Cousin, dont elle loue le style et l'érudition: «cela est préférable à la littérature coïtante et aux romans au sperme de Mr Zola et autres saligots. Pardon ! Voyez le mauvais exemple rien qu'à songer à ces ordures, des mots infâmes sont éjaculés par la plume la plus propre. Signe irrécusable de décadence, mon bon ! Lorsque les arts se souillent, lorsque les Lettres tombent dans la fange - il n'y a plus rien à attendre d'une nation. [...] Donc à bas la république !»... Montgivray 23 août. Elle a classé cette nuit la correspondance de son frère: «Le caractère de l'ensemble est la droiture, la simplicité dans la forme gaie, vive, particulière à lui; la bonté, le désintéressement, la loyauté, la dignité tranquille. Il avait certes de ces qualités - mais pas toutes. Rien n'est plus inexact qu'une correspondance pour donner l'idée de la réelle nature d'un être. Rien n'est plus faux: car les uns s'étudient, se mesurent, se dissimulent, se parent et s'embellissent. D'autres s'abandonnent, se lâchent, s'oublient, s'exagèrent; s'enfièvrent et s'ennevrosent en écrivant»... Etc
1 500 € - 2 000 €
Lot 257
L.A.S., 17 septembre 1879, à Julien Lemer; 4 pages in-12. Il l'engage à demander à Talien, directeur du théâtre Cluny, pour avoir des places pour la pièce Claudie de George Sand: «La reprise a été excellente et je regrette de n'avoir pu y aller». La révolution est toujours active dans la commune de Nohant-Vic: «On n'a pas réussi à nommer un Maire. Quelle affaire ! Je suis bien content d'avoir une salle d'asile pour voisine. C'est une distraction d'entendre piailler les enfants les jours de pluie»... Au dos, il a noté une amusante rengaine, à chanter sur l'air de J'ai perdu mon Eurydice: «J'ai perdu La Tour d'Auvergne mon archevêque (celui de Bourges). Il est mort subitement. Quel malheur; cinquante trois ans; si jeune ! une si belle main et comme il bénissait ! Ah quel joli goupillon vous perdez mesdames de Bourges et des environs !»
120 € - 150 €
Lot 258
Lot 258
Manuscrit autographe, et L.A.S. «Boquillon», [septembre 1882], à sa fille Aurore Sand; 1 page grand in-fol., et 1 page in-8 avec enveloppe. Autour du théâtre de marionnettes. Manuscrit du Prologue d'une pièce pour marionnettes, prononcé le personnage du directeur Balandard: «Mesdames et Messieurs, bien qu'assez peu timide ce n'est pas sans émoi que je vous parle ici. [...] Puisqu'au char de Thespis vous me donnez pour guide, je saurai jusqu'au ciel élever les tréteaux et vous offrir toujours des spectacles nouveaux. Mes acteurs emploieront un discours familier quelque fois un peu vif, pourtant jamais grossier»... Etc. Lettre fantaisiste adressée à Aurore Sand par «Boquillon» (cette marionnette est un amoureux dans La Rosière de Viremollet, 1879). Maurice a déguisé son écriture, ponctuant la lettre de fautes d'orthographe, et collant sur l'enveloppe des cachets postaux découpés: «Mademoiselle, Hier à la saurtit du théatre jai apris que vous étiez parmi les Cabaleuzes qui on troublè la représentassion. Vous êtes libre d'avoire des préférance pour un de mes collègue mais je sais pourquoi et ca ne fait pas haunneur à votre goût. [...] Enfin je ne peut pas refaire votre éducation mais Boquillon est aimé du beau sesque et il s'en flatte»... Il signe: «Boquillon, 1er sujet du Théâtre de Nohant et qui touche des feux». On joint 3 feuilletons découpés du journal Le Temps des 11, 12 et 13 mai 1876: Le Théâtre de Marionnettes de Nohant, dernière oeuvre publiée de George Sand
300 € - 400 €
Lot 259
Manuscrit autographe signé par A. Huguet, Notes sur George Sand et Gargilesse, [1904]; 5 cahiers d'écolier petit in-4 (sur 6, manque le 5) paginés 1-128 et 161-191. Intéressantes notes d'un érudit berrichon, commençant par des notices sur les artistes berrichons (Desjobert, Navelet, Veillat...), et les artistes qui sont venus travailler en Berry (André, Antigna, Cabat, Dupré, Lambert, Luminais, Rousseau, Villevieille, etc.), sur George et Maurice Sand, puis «Une promenade dans la Vallée-Noire», sur les Légendes rustiques de George et Maurice Sand (avec des notes érudites, les excursions de George Sand sur les bords de la Creuse, Toull-Sainte-Croix et le décor du roman Jeanne, etc. Le dernier cahier renferme des coupures de presse sur la pose d'une plaque à Gargilesse (1901), et sur le centenaire de 1904. ((Vendeur Bouhadjer))
200 € - 250 €