
Vente 05/11/2014 14:15, Drouot Richelieu - Salle 6

5 novembre2014
Heure14:15
LieuDrouot Richelieu - Salle 6

3 Collections
estampes - gravures - aquarelles
dessins par Gustave Dore
manuscrits de et autour de George Sand
estampes - gravures - aquarelles
dessins par Gustave Dore
manuscrits de et autour de George Sand
Lot 220
L.A.S., [Paris] 11 mars 1856; demi-page in-8. «Merci mon cher enfant pour le bon tabac et surtout pour le bon souvenir»
150 € - 200 €
Lot 221
2 L.A.S., Saint-Amand 1856-1858, à George Sand; 1 page et une demi-page in-8 remplies d'une petite écriture. 24 avril 1856. Il se souvient de la bienveillance avec laquelle Sand l'a reçu à Nohant à l'automne; sa visite a été signalée aux autorités politiques et à la police, ce qui l'avait inquiété. Il tenait cependant à la remercier «pour la condescendance que vous avez eue pour un homme qui, éloigné du monde depuis longtemps, en a oublié les usages, et craint [...] d'avoir abusé de votre complaisance pendant une discussion qui aurait dû être moins longue». Il prévoit un prochain voyage à La Châtre pour la revoir: «Les tracasseries de la police n'y mettront nullement obstacle, si de votre côté vous n'y voyez aucun inconvénient»... Au bas de la lettre, note autographe de George Sand: «Le swedenborgiste un vieillard charmant, propre et gentil comme son écriture. Nous n'avons parlé pendant six heures que de la vie future - à qui diable en avait-on ?» 30 août 1858. Il charge un ami de lui remettre de nouvelles traductions de Swedenborg, dont «le Traité des représentations et des correspondances», qui pourrait intéresser Maurice Sand: «Quelle que soit votre opinion sur l'auteur dont je suis le simple traducteur, veuillez croire Madame, que je me ferai toujours un devoir de me dire un admirateur de votre talent»
150 € - 200 €

Lot 222
18 L.A.S. (signées «S», «Sol» ou Solange»), 1856-1870, à son amie Amélie Grille de Beuzelin; 66 pages in-8 ou in-12. Très intéressante correspondance qui, tout en évoquant les personnes de l'entourage de George Sand et de sa fille, met en évidence les difficiles relations de Solange avec sa mère, dont elle se plaint amèrement. Nohant 17 janvier 1856: un an après la mort de sa fille Nini, elle fait, en l'absence de sa mère, le voyage de Nohant, où elle n'a pu «accomplir le désir bien naturel qui me l'avait fait entreprendre [...] Ma présence ici est sans utilité au cher petit être que j'aime tant» [Solange voulait poser une croix sur la tombe, ce que George Sand refusa catégoriquement]... Nohant 2 décembre [1860]: sa mère a été sérieusement malade (typhoïde): «Elle sort et ne travaille pas encore. Elle est très oppressée et cent fois plus distraite que de coutume; ce qui indique que la tête a souffert [...] Je me trouve moins qu'utile ici. Peutêtre que je me trompe; cependant c'est mon amère impression». Paris, 20 septembre [186?]: elle dit l'ennui des conversations «de ceux qui n'ont qu'un goût» et «qu'une corde à l'arc de son langage», et son amour de la musique: «Dans ma jeunesse j'entendais Mme Viardot, tant qu'il plaisait à ma mère ou à Chopin. Mais depuis je n'ai jamais pu mettre la main sur quelque chose d'approchant»... 1er janvier 1863: après les voeux d'usage, elle évoque Guillery (propriété de son père); elle n'arrive pas à savoir «si la propriété est vendue ou non. Je trouve mon frère assez sournois de s'en aller là-bas dans les circonstances présentes sans m'en faire prévenir. Si sa présence y est utile, pourquoi la mienne ne l'y est-elle pas aussi ?»... Paris 9 octobre [1863 ?]: elle évoque une élève russe de Chopin, Mme Kalergi, et le duel d'Aurélien Scholl avec Granier de Cassagnac «à propos de journalisme. Le Scholl a reçu un coup d'épée dans le côté. Les journaux doivent en parler»... Alger 26 janvier [1864]: elle apprend «que Mr Berton a daigné accepter sur la prière de Mme Sand un rôle dans sa pièce [Le Marquis de Villemer]. Cela confirme ce que vous m'en disiez, qu'elle ne trouvait plus d'acteurs à l'Odéon. Je ne sais trop comment elle a jamais fait pour en trouver de bons ! Lambert est une véritable girouette. Rien ne m'étonnerait autant que de le voir prendre à présent le parti de Manceau»... Le temps est admirable, elle s'est promenée dans le Sahel et en a rapporté des fleurs ravissantes, dont des cyclamens sauvages dont elle dessine une feuille, mais il n'y a «aucune ressource d'art»... Spa, Villa Mackenzie, 3 août [1865]: sur la fin de Marie de Rozières qui mourra 17 août; Solange se réjouit que son amie soit auprès d'elle... Guillery 4 novembre [1865]: «Hélas ! le pauvre Guillery va être vendu, et aucun héritier Dudevant ne jouira de sa jolie situation et de son doux climat [...] Maurice a Nohant et le gardera pour se dédommager. Et moi qui n'ai rien du tout !»... Cannes 5 mars [1866 ?]: elle achète un terrain à Cannes sur lequel elle envisage de faire construire, mais l'argent manque, elle pense faire un emprunt sur Guillery. «Quant à ma mère, elle est loin de songer à m'offrir une satisfaction quelconque (puisqu'elle ne veut même pas que j'aille la voir de tems en tems). Et Maurice est encore plus éloigné d'aider à une gracieuseté pécuniaire en ma faveur !!! Ah bien !! Il faudrait une évolution dans son esprit, dans son coeur et dans toute sa constitution pour qu'une pareille idée germât sous sa peau»... 7 juillet [1868 ?]: elle remercie son amie de sa «gracieuse broderie» et donne des nouvelles de Sainte-Beuve qui «a été fort malade. Et comme chaque fois qu'il souffre davantage, il m'a dit qu'il voulait se tuer»; elle évoque le monde littéraire: «Le dernier numéro de la Lanterne, n'est pas à la hauteur des précédents. Et le tout ne vaut certainement pas les Guêpes d'Alphonse Karr. [...] Voici Alfieri qui vient d'écrire un roman», et Mme O'Connell «écrit lentement un livre qui s'appellera la Philosophie du beau. Je pense que nous y verrons un peu de cabale et beaucoup de mysticisme»... 12 septembre [1868]: à la veille de ses 40 ans, elle a revu Alfieri: «Je l'ai trouvé très changé au moral. Cet homme si enjoué, si vif, si pimpant, si prompt à la répartie et d'un esprit si rapide, s'est laissé devenir lent, engourdi, pesant et sous prétexte d'être sérieux, il porte une gravité béate et somnolente»; il n'a pourtant que 41 ans, mais «il est vrai qu'il a 20 ans de mariage sur le dos !»; l'Italie, selon lui, n'est pas en si mauvais état, malgré l'impopularité du roi Victor et «la curée à la bureaucratie»... 1870. Cannes 15 janvier: elle rêve à sa future maison où elle voudrait accueillir son amie et lui «ménager un tête à tête avec celle qui aurait tant besoin d'apprendre de vous à m'aimer. J'ai enfin reçu d'elle à l'époque du jour de l'an une lettre - fort aimable et très flatteuse - sur Jacques Bruneau. Avant-hier un billet en quatre mots [...] Ma belle-soeur m'a aussi complimentée à sa façon... J'aimerais mieux qu'on m'engageât à passer quinze jours à Nohant»... Elle évoque l'assassinat de Victor Noir par Pierre Bonaparte, et sa difficulté à écrire: «la peine d'écrire est grande quand on sait si mal sa langue que moi ! Bruneau a été écrit avec l'aplomb de l'ignorance. A présent, je me défie de moi, je ne peux plus rien faire»... Gênes 4 mars: elle a reçu une lettre de sa mère: «Elle dit qu'elle croit tenir un succès. Lévy auquel elle a proposé l'édition de mon roman [Jacques Bruneau] lui en a offert 6 sous le volume [...] Il n'y a pas de quoi planter des eucalyptus dans son jardin !! Je réponds que je refuse, d'autant que je n'aurai aucun moyen de contrôler la vente des volumes». Cannes 24 mars: elle aime le nouveau roman de sa mère, Malgrétout, «quoique je ne puisse pas concevoir pourquoi cette Miss Owen refuse, sans raison, d'épouser celui qu'elle aime et qui l'adore». Cannes 21 avril, nouvelles de Nohant: Maurice est guéri d'une fluxion de poitrine; «Ma mère corrige les épreuves de Bruneau pour que Lévy me donne cinq cents francs. D'une condescendance et d'une bonté parfaite sous ce rapport. Que ne l'estelle toujours !» Elle évoque le souvenir de Nini: «Ma pauvre petite fille avait aussi le goût de bouder. Mais ça ne durait pas. Elle venait bientôt sauter au cou de ma mère en disant «"Grand maman ! Ça m'ennuie de bouder"»...Cannes 28 novembre: après le désastre de Sedan, les menaces sont partout. Le siège de Paris dure, les batailles se succèdent sans qu'on puisse voir la fin du conflit. Elle a arrêté la construction de sa maison, et Clésinger s'est engagé dans les combats, ce qui l'étonne et l'émeut: «Que deviendra-t-il s'il perd un bras ou l'oeil qui lui reste ? Il semble s'être jeté là en désespéré». Elle craint pour Nohant: «Je ne crois pas à l'épargnement de l'habitation de G. Sand. Celle d'About ne l'a pas été à Saverne. La résolution de ma mère m'épouvante et m'afflige. Elle reste parce que Maurice s'est offert pour la défense du canton»
1 500 € - 2 000 €

Lot 223
Manuscrit autographe, Le batard; 7 pages in-8 à son chiffre, à l'encre bleue, avec quelques ratures et corrections. Projet inédit de scénario pour le théâtre de Nohant, rédigé entre la fin de 1856 et 1862, et qui n'a pas été réprésenté. Elle présente tout d'abord les personnages: «Un père homme de bien. Un fils égoïste qui l'exploite et le sacrifie. Un fils naturel désintéressé qui supporte les défiances, les jalousies, les duretés du fils pour ne pas abandonner le vieux père à sa tyrannie. Le père chassé par le fils va vivre avec son bâtard qui le nourrit le soigne et le console. Un amour sacrifié - une nièce sans fortune [...] le bâtard l'aime et il en est aimé. L'égoïste ne veut point d'elle, mais il s'aperçoit d'un amour qui blesse son amour-propre»... Etc. Au fils de la plume, elle glisse des commentaires: «Tout cela fait l'égoïste bien odieux, mais on le fera très gai et très séduisant. [...] Cela peut donner une jolie scène où les deux bons enfants se sacrifient pour le père et se disent adieu [...] Il faut que le vieux ne soit pas une vieille bête mais un homme adorable de simplicité, de sagesse et de patience, un être qui fasse comprendre l'idolatrie que sa nièce et son bâtard ont pour lui»... Et plus loin: «Dernier dialogue de la pièce de Manceau avant le dénouement, Le père et le bâtard»
1 200 € - 1 500 €

Lot 224
L.A.S., Nohant 23 février 1858, à Pierre-Marie Piétri, Préfet de police; 1 page et demie in-8, enveloppe. [7746] Lettre inquiète après le vote de la loi de sûreté générale, votée le 19 février à la suite de l'attentat d'Orsini. «Les termes de la nouvelle loi, qui ne peuvent pas encore être bien compris, causent des inquiétudes dont je croyais le gouvernement de l'Empereur assez fort pour se passer. Quoi qu'il en soit, c'est à ceux qui ont compris la droiture et l'élévation de votre caractère personnel, de recourir à vous pour se tranquilliser. Quelques-uns de mes amis ont été l'objet de la clémence de l'Empereur en 1852, et depuis ce moment, logiques vis-à-vis d'eux-mêmes, ils se sont exclusivement consacrés à leurs devoirs de famille, comprenant bien que la logique, en pareil cas, c'est le bon sens et la bonne foi. Je ne sache pas qu'il y ait de milieu entre la nécessité de renoncer à toute opposition explicite du moment que l'on réclame la protection du pouvoir, et celle de subir pour se plaindre toutes les conséquences de l'opposition persévérante. D'ailleurs dans les circonstances actuelles, toute mesure de rigueur contre une foule de personnes qui ont horreur de l'assassinat, n'est-elle pas un outrage gratuit dont elles ont le droit de se sentir blessées, et contre lequel elles peuvent invoquer votre loyale protection ? J'y ai recours avec confiance pour un de mes amis [Émile Aucante] qui a déjà eu l'honneur de vous voir, et qui a été infiniment touché de votre accueil. Je suis un peu intéressée dans la question, ayant confié toutes mes affaires à son zèle et à sa probité»
1 200 € - 1 500 €

Lot 225
L.A.S., [Nohant] 3 juin 1858, à Stéphanie Bourjot; 3 pages et demie in-8 à son chiffre. [7846] Belle lettre sur l'éducation, en partie inédite, à la fille de Geoffroy Saint-Hilaire. Elle évoque le livre de Marie Pape-Carpantier (Histoire et leçons de choses pour les enfants): «C'est un excellent livre, dans lequel j'apprends à lire à ma jeune servante [Marie Caillaud], une fille extraordinairement intelligente et dont ce livre ouvre l'esprit à toutes sortes de bonnes notions. Ç'a été pour moi une éducation à part que celle de cet enfant de 18 ans qui n'en avait que 2, il y a six mois, et qui a maintenant son âge, avec toute la candeur de l'enfance conservée. Donc tous les soirs, nous lisons les historiettes de Marie Carpentier, et je m'y intéresse autant que mon élève. Mais ce qui manque, du moins à ma connaissance, c'est une méthode de lecture. J'en ai fait une (pour mon usage, je ne l'ai pas écrite.) tirée d'abord de celle de Laffore, et modifiée à mon idée. Mais ce que je n'ai pas trouvé dans les manuels à l'usage de l'enfance et des écoles primaires, c'est un livre d'exercices bien faits pour apprendre à lire logiquement tout en se rendant compte de l'orthographe des mots. Ce livre existe-t-il ? S'il existe c'est Marie Carpentier qui doit l'avoir fait, et s'il n'existe pas, c'est elle qui doit le faire»... On joint une longue L.A.S. de Stéphanie Geoffroy Saint-Hilaire, 23 octobre 1852, relatant une visite de George Sand (10 p. in-8)
1 000 € - 1 200 €

Lot 226
L.A.S., [Nohant] 25 décembre 1858, [à Édouard Charton]; 4 pages in-8 à son chiffre. Belle lettre inédite au sujet de ses recherches sur la commedia dell'arte. Elle lui renvoie les livres qu'il lui avait procurés, gardant encore Flaminio Scala, et demande d'autres livres: «1° La supplica.Discorso familiare intorno alle comedie par Nicolo Barbieri (detto Beltrame). 2. Il teatro celeste de G. Batt. Andrémi (detto Lelio). 3° Discorso alle comedie, comedianti e spettatori par Pietro Maria Cecchini (detto Frittolino). (1614)». Elle voudrait éviter de déranger Charton, et pourrait directement passer par M. Ravenel: «Je me désole de penser que je vous fais perdre du tems. Vous voyez que nous ne gardons pas trop longtems les livres. Ce que nous demandons n'est que pour quelques jours, et c'est la fin. Savez-vous que nous arrivons à comprendre un peu le bolonais, le vénitien, le padouan et le bergamasque du 15me siècle ! Et tout cela pour l'amour de Ruzzante qui nous passionne en nous cassant la tête ? Nous aurons bien une douzaine de lecteurs peut-être. Si vous en êtes et que vous soyez content, nous le sommes déjà. [...] Oui, c'est charmant, Gozzi. Je le connaissais déjà. Mais ce n'est rien. Ruzzante, c'est tout». Elle ajoute: «Le monde va mal, n'est-ce pas ? Nous remercions Dieu, d'avoir encore dans notre coin solitaire et silencieux quelques joies d'artiste que personne ne pourra nous empêcher d'avoir eues ? Mais hélas ! que de morts et de tristesses ! Et quel tems ! Le ciel pleure sans pouvoir s'arrêter, c'est sans doute de voir nos misères et notre accablement». Elle demande enfin des nouvelles de leurs amis Régnier, et évoque la «pauvre Mme Bignon [atteinte d'un cancer]. J'ai reçu de celle-ci une lettre... un chef-d'oeuvre de foi, de force, d'amour et de vérité. Et il faut aussi qu'elle s'en aille, elle !»
1 000 € - 1 200 €
Lot 227
L.A.S., Nohant 9 juin 1860, [à son ami Édouard Charton]; 1 page et demie in-8 à son chiffre. Elle le prie d'employer Émile Manceau, «frère de mon ami Manceau que vous connaissez, et arrivant de Haïti et de Valparaiso [...] Il est industrieux, soigneux, laborieux, honnête homme s'il en fût, et digne de tout votre intérêt. Vous pouvez lui confier la reproduction de vieilles gravures sur bois, armoiries, ornements &c. J'ai pensé à lui, pour votre histoire de France par les documents. Il fera toutes ces choses mieux et à meilleur marché que qui que [ce] soit. Si vous n'avez pas d'ouvrage à lui donner, recommandez-le à ceux qui pourraient l'utiliser. C'est un si excellent sujet, si délicat, si sage et si exact que je ne doute pas des ressources qu'il s'assurera bientôt. Quand on le connaîtra, on le gardera»
400 € - 500 €
Lot 228
2 Lettres en partie autographes, Nohant 1860-1861; 1 page in-8 chaque en partie imprimée à l'en-tête Théâtre de Nohant, adresses. Invitations au Théâtre de Nohant. 10 octobre 1860, à Jean-Charles Duguet à La Châtre, l'invitant avec M. Despruneaux à la soirée du 31 octobre, où l'on jouera «Le pied sanglant, drame en 3 actes»... 20 septembre 1861, à Ursule Jos à La Châtre, l'invitant à la soirée du 31 octobre, où l'on jouera «une pièce en 3 actes» [Le Drac]
200 € - 300 €
Lot 229
L.A.S., [Nohant] 20 janvier 1862, à François Buloz; 3/4 page in-8, adresse. «Mon cher Buloz, vous ne m'avez pas envoyé la 1ère partie de Tamaris. Je reçois la 2de aujourd'hui. Sachez ce qui en est et faites vite réparer l'oubli»
250 € - 300 €
Lot 230
L.A.S., Nohant 21 janvier 1862, [à Elme Caro]; 4 pages et demie in-8 à son chiffre. Longue lettre en faveur de sa nièce Léontine Simonnet et de ses petits-neveux. Elle demande «aide et protection pour ma nièce. Me voilà faisant du népotisme, voyez-vous ? mais je crois que ma nièce a bien des droits. Son mari s'est tué pour l'empire. C'est à la lettre. En 48 et 49 il a pris tellement feu pour détruire la république qu'il en est mort de fatigue et d'agitation. L'empire était sa passion, son idéal. Ce n'était pas le mien. Il s'est brouillé avec moi. Que Dieu lui fasse paix ! Mais il a laissé une veuve charmante qui est la fille de mon frère et trois enfans que j'aime tendrement. La petite femme a eu un énorme courage pour élever ces trois fils dont un est maintenant grand garçon, un coeur d'or». Elle a des «droits à la protection du gouvernement, ses faibles ressources, ses dépenses forcées, enfin l'état de gêne et de péril où elle se trouve». Mais G. Sand voudrait savoir si sa supplique a des chances d'aboutir. «Je sais que le ministre de l'instruction publique aime à faire le bien, et peut-être sait-il, de son côté, que certains dissidents en matière d'opinion peuvent être de très honnêtes gens et des coeurs très reconnaissants. D'ailleurs je plaide ici pour les enfans d'un homme à qui l'on n'eut pas pu faire les mêmes reproches qu'à moi, et, que ce soit par égard pour lui, ou grâce à votre bienveillant appui, je n'en prendrai pas moins à ma charge, très sincèrement et sans effort une bonne part de la dette de reconnaissance que nous fera contracter le ministre»
800 € - 1 000 €
Lot 231
L.A.S., [Nohant] 31 décembre 1862, à Elme Caro; 3 pages in-8 à son chiffre. «Cher dissident, comme vous êtes bon, et comment vous remercier de tout ce que vous faites pour moi ? Ma nièce [Léontine Simonnet] est touchée jusqu'aux larmes du soin que vous mettez à la diriger dans cette affaire qui est immense pour elle. C'est une petite femme courageuse et de grand mérite, qui vous tient bien compte de vos délicates attentions. Moi j'y vois le vrai désir de nous faire arriver au but et c'est de tout mon coeur que je vous en remercie. C'est bien bon aussi de la part du Ministre d'accorder tout ce qui est possible. Dites lui que j'en suis reconnaissante comme je le dois et que je me tiens pour son obligée avec grand plaisir et grande fierté - toujours malgré les dissidences. Mais on est bien heureux, savez-vous, de sentir chez les adversaires qu'on estime, la franchise et l'équité de coeur que l'on sent en soi-même. On ne peut pas toujours en dire autant de ceux qui pensent tout à fait comme nous en théorie». Il a su par Mme Thérèse «que nous étions des gens unis et heureux au moins dans le nid: vous y viendrez prendre gîte, n'est-ce pas, quand vous reprendrez vos grandes tournées ?»
500 € - 700 €
Lot 232
4 L.A.S. et 1 L.S., 1862-1869, à divers correspondants; 6 pages et demie in-8 ou in-12 (portraits joints). 1862-1866. 3 charmantes lettres à une dame [Mme Duquesnel ?], la remerciant pour des envois de corbeilles de fleurs ou de fruits, de bouquets, etc... Jeudi. Il propose à une dame de le retrouver chez M. Nisard à l'École Normale: «il vous écoutera avec intérêt et vous recommandera ensuite à M. Montigny»... 11 août 1869. Il remercie son correspondant de l'avoir aidé à se documenter sur Port-Royal: «Voilà pour tout biographe, soit panégyriste, soit critique, la meilleure charpente et tous les instruments de construction. Il ne me reste à désirer que la piquante anecdote relativement à l'attaque de Port-Royal et la confusion de la ville avec l'abbaye»
300 € - 400 €
Lot 233
L.A.S., Nohant 5 février 1863, à Elme Caro; 3 pages et demie in-8 à son chiffre. Au sujet de ses petits-neveux Simonnet. Elle remercie Caro: «c'est à vous certainement que ma nièce doit le succès de ses démarches, et la promptitude particulière qui a présidé à ce succès ! Mon petit neveu Edme Simonnet est donc reçu, grâce à un examen express, dont il ne s'est pas mal tiré, et, à présent, la petite mère, toute bouleversée d'émotion et de joie, n'a plus qu'un voeu à former: c'est que son jeune boursier soit admis au lycée de Châteauroux où elle placera aussitôt son jeune frère [Albert], car elle tient à ne pas les séparer, et elle aspire à les voir rester près d'elle. Vous devez avoir vu, ou vous allez voir l'aîné des trois [René], le grand timide qui est à Paris pour son examen au baccalauréat, et que nous chargeons de vous remercier pour nous. Celui là est un grand benet, très intelligent et que nous adorons pour sa bonté, son dévouement et sa raison. Que ferons nous de lui, quand il sera bachelier es lettres ? Nous ne savons pas. S'il osait vous parler et vous demander conseil, quatre mots venant de vous pèseraient dans sa vie. Mais il n'osera pas, et nous autres femmes, nous ne savons guères décider de l'avenir d'un garçon»... Elle charge Caro de transmettre au ministre «toute la reconnaissance de la mère et de la grand'tante»
400 € - 500 €
Lot 234
L.A.S., Nohant 18 septembre 1863, à Fortuné Lapaine, préfet de Constantine; 4 pages in-8 à son chiffre, enveloppe. Elle lui recommande son ami Sigismond Maulmond, «qui désire faire régulariser son titre de propriété dans la province de Constantine», et qui «est, en France, un propriétaire important de mon voisinage, habile agriculteur, homme de coeur et de progrès, et jouissant d'une très réelle considération. Je suis sûre que par lui-même il a tous les droits à votre bienveillant appui, et qu'il saurait les faire valoir. Mais je suis heureuse de trouver l'occasion de me rappeler à votre bon souvenir et de vous remercier encore une fois de vos excellentes lettres et de vos généreuses intentions pour mon ami Patureau. Mon rêve de voyage à Constantine est ajourné. La famille me tient au gîte par une douce violence, ma belle fille nous ayant donné récemment la joie d'un beau petit garçon [Marc, né en juillet, et qui mourra en juillet 1864] qu'elle nourrit et qui a besoin de moi comme berceuse. Quand je serai enfin libre, aurai-je encore des jambes pour courir ? N'importe; je me le persuade toujours, et mon coeur m'indique les chemins que je voudrais prendre. Croyez [...] que vous êtes pour beaucoup dans l'attrait qui m'appelle en Afrique, et que si je n'y vais jamais, ce qui est bien possible, je ne m'en rappellerai pas moins, et toujours, l'appel gracieux de votre sympathie»
700 € - 800 €
Lot 235
2 L.A.S., [Paris 9-27 mars 1864, à son ami Alexandre Bixio]; 1 et 2 pages in-12, et 4 pages in-8 (chiffre découpé dans la 3e lettre avec perte de quelques mots). [10743, 10751, 10776] Démarches pour placer sa domestique Marie Caillaud à la Manufacture des tabacs de Châteauroux. Mercredi soir [9 mars]. «Cher ami, j'ai un petit service à vous demander. Pouvez-vous venir de 4 à 5 à mon grenier, demain, vendredi, ou samedi ? Je pars dimanche ou lundi»... [11 mars]. Elle a reçu des renseignements. «Il n'y a dans les manufactures de tabac que des ouvriers à la tâche. La personne à laquelle je m'intéresse accepte cette position et la désire même». Elle prie Bixio de plaider sa cause près du «au grand patron des tabacs»... 7 [27] mars. Elle charge Bixio de remercier Eugène Rolland (directeur des Manufactures): «Sa gracieuse lettre a ouvert toutes grandes les portes de la manufacture de Châteauroux à mon ami Manceau qui est allé aux renseignements, mais qui est revenu avec la conviction que la vie d'atelier et la société qui s'y trouve étaient impossibles pour notre jeune [nom coupé]», et on le lui a déconseillé: «nous gardons notre Marie jusqu'à ce que je lui aie trouvé une très bonne position. Rien ne presse. [...] Ce qui lui conviendrait, ce serait d'être, comme chez moi, femme de charge, menant une maison entière, gouvernant tout de la cave au grenier. C'est une fonction où elle excelle et sa distinction à tous égards est si grande qu'on peut l'admettre à une sorte d'intimité avec une confiance entière. Il faudrait lui faire trouver une excellente famille ou une vieille dame à dorlotter. C'est un véritable trésor dont je suis forcée de me priver et que mes enfants voudraient bien garder. Mais ils ne sont pas riches, et si je me sépare d'elle, c'est pour qu'elle trouve un sort plus avantageux, pécuniairement parlant»... Elle ajoute à propos de son petit-fils: «Le petit Marc est un bijou»
1 000 € - 1 500 €
Lot 236
L.A.S., Nohant 3 mars [pour avril] 1864, à son ami Alexandre Bixio; 3 pages in-8 à son chiffre. [10791] En faveur du «pauvre Henry Bocage, le fils de notre vieux ami, pour qui vous avez déjà beaucoup fait et qui se trouve tout réduit et tout arriéré par suite de fusions de sociétés de chemin de fer. C'est à vous qu'il devait sa position qu'on ne lui a pas conservée; il est si gêné maintenant dans son petit emploi qu'il a recours à moi pour que j'aie recours à vous. Il craint d'user votre bienveillance en allant vous trouver, mais il me dit que si vous aviez un coin à lui donner ou à lui faire donner soit à Paris, soit à Turin, vous le sauveriez d'une bien triste et bien dure existence. Faites ce que vous pourrez cher ami. Voilà mon devoir rempli, et je n'insiste pas parce que je sais que quand vous ne faites pas ce qu'on vous demande, c'est que vous ne le pouvez pas. Si c'est humainement possible, vous penserez à ce brave garçon. [...] Ne vous tourmentez nullement de Marie Fadette. C'est quand l'occasion se présentera. Je la garde un an et plus s'il le faut»
500 € - 600 €
Lot 237
L.A.S. «G.S.», Palaiseau 1er août [1864, à son amie Mercédès Lebarbier de Tinan ?]; 1 page in-8 à son chiffre. [11023] Après la mort de son petit-fils Marc (21 juillet). «Merci, merci, chère femme ! Je réagis. Je veux et je dois soutenir les autres. Mais le chagrin de mes enfants m'a navrée. N'en parlons pas. Je voudrais effacer l'image des jours que j'ai été passer là-bas auprès d'eux. Je vous donnerai rendez-vous à Paris ou j'irai chez vous. En ce moment je suis trop occupée ici. Je n'ai pu accompagner mes enfants qui voyagent. Jugez si le travail est impérieux. Je vous embrasse bien»
300 € - 400 €
Lot 238
L.A.S., Palaiseau 25 octobre 1864, [au marquis Auguste de Belloy]; demi-page in-8 à son chiffre. [11235] «Merci, Monsieur, croyez que je suis bien touchée de l'accueil que vous faites à ma requête»
150 € - 200 €
Lot 239
L.A.S., Palaiseau 28 janvier [1865], à son ami le Dr Pierre-Paul Darchy; ¾ page in-8. [11415]. Elle lui transmet «une lettre de notre jeune médecin et ami Camille Leclère qui contient toutes les explications demandées. Ce qu'il me dit de faire, est fait à l'instant même. Agissez de votre côté, et bon espoir !»
200 € - 300 €
