Hans HARTUNG (1904-1989)
T1938-5, 1938
Huile et crayon sur bois, signée et datée 38 en bas à gauche.
61 x 50,5 cm
Provenance :
Galerie Daniel GERVIS, Paris, 1985.
Collection particulière, France.
Bibliographie :
Pierre DAIX, HARTUNG, Galerie Daniel GERVIS, Paris, 1985.
Pierre DAIX, HARTUNG, Galerie CIVICA d’ARTE MODERNA, Ferrare, 1988.
Pierre DAIX, HARTUNG, Galerie Daniel GERVIS, Paris, 1991, reproduit et décrit sous le n° 183.
Cette œuvre est archivée sous le n° HH1793-0 à la Fondation HARTUNG BERGMAN et répertorié sous le n° 1533 dans le catalogue raisonné en ligne de la fondation.
L’étude de cette œuvre se trouve à la Fondation HARTUNG BERGMAN et est archivée sous le n° 0143-17 et répertoriée sous le n° 1592. Voir représentation Sans titre, 1938. Encre et crayon sur papier. Monogrammé et daté 38 en bas à gauche. 13,5 x 10,5 cm.
Sur un conseil de Jean HÉLION à Hans HARTUNG, Si tu as la possibilité de t’acheter une toile et de peindre l’esquisse que tu as faite, reste fidèle à ton esquisse. N’y change rien. Gardes-en même les accidents, les imprévus qui ont surgi de la technique de l’aquarelle, du crayon, de l’encre ou de la cire. Essaie de rester frais, naturel. C’est très difficile, mais ta peinture y gagnera. Par souci d’économie, Hans HARTUNG développe ainsi son habitude de copier ses dessins en les reportant à l’huile sur la toile par la technique de la mise au carreau. Le peintre conservera cette technique jusqu’en 1960. Ce qu’il appellera sa spontanéité calculée restera méconnue de son vivant.
En 1938, Hans HARTUNG est vraiment au fond de l’abîme entre son divorce avec Anna-Eva BERGMAN et la montée du nazisme qui l’ont classé comme un artiste dégénéré, privé de son atelier et de logis.
Heureusement Henri GOETZ et Christine BOUMEESTER lui donnent l’hospitalité et il peut entreposer ce qui constitue son seul bien, la collection de ses œuvres et ce qu’il a sauvé d’Allemagne, à Arcueil chez Julio GONZALEZ. Mieux, celui-ci lui offre de partager l’atelier de
sa fille Roberta (qui deviendra sa seconde femme).
Alors commença un dialogue entre les deux artistes, Julio GONZALEZ père fondateur de la sculpture en fer soudé moderne, entre 1928 et 1932, il initia Pablo PICASSO à cette technique et il fut un inspirateur essentiel pour de nombreux artistes ayant poursuivi dans cette voie tels David SMITH et Eduardo CHILIDA.
Il se crée ainsi les conditions d’un dialogue inattendu qui sera riche de multiples significations pour HARTUNG. D’abord, il réalise une sculpture en fer qui sera exposée aux Sur- indépendants de 1938. C’est la réalisation à trois dimensions d’un de ses dessins contemporains. N’oublions pas que Julio GONZALEZ, quand PICASSO et lui, qui se connaissaient depuis les premières années du siècle à Barcelone, s’étaient à nouveau rencontrés en 1928, avait permis à son cadet par sa technique de réaliser ses dessins à trois dimensions, inventant des sculptures à claire-voie. Mais les dessins gestuels de HARTUNG
posaient des problèmes différents. Ses lignes avaient, comme l’écrit André BERNE-JOFFROY, un aspect de sismographe psychique qui déconcertait GONZALEZ tout autrement que l’abstraction d’épure logique, conceptuelle, dont partait PICASSO. Au contact de ce dernier d’ailleurs, dès 1930, GONZALEZ avait libéré son propre art des entraves de la figuration traditionnelle. Mais, précisément, l’abstraction de HARTUNG lui paraissait d’une autre essence, étrangère à sa sensibilité. D’un autre, HARTUNG n’aurait peut-être pas supporté de telles questions.
Mes éclairs enfantins ont eu, j’en suis sûr, une influence sur mon développement artistique, sur ma manière de peindre. Ils m’ont donné le sens de la vitesse du trait. L’envie de saisir par le crayon ou le pinceau l’instantané, ils m’ont fait connaître l’urgence de la spontanéité. Il y a
souvent, dans mes tableaux, des lignes.
Hans HARTUNG