3 L.A.S., Nohant août-novembre 1867, à Elme Caro; 3 pages, 2 pages et demie, et 2 pages et demie in-8, à son chiffre. Au sujet de son petit-neveu Edme Simonnet qui se présente au baccalauréat. 6 août. «Je suis la grand’tante de trois grands petits-neveux que, déjà, vous m’avez aidé à tirer d’affaire. Tous trois sont de bons sujets, intelligents, et travaillant bien. L’aîné [René] est reçu avocat. C’est au tour du second à être reçu bachelier. C’est une émotion nouvelle pour leur mère et pour moi, car il n’y a pas de fortune, et si ce cher enfant venait à ne pas bien répondre, une année perdue dans cette vie précaire serait un accident fâcheux. – Avez-vous encore un peu d’amitié pour moi ? Pourquoi non, puisque vous m’avez acceptée avec mes défauts ? Eh bien, prenez encore notre enfant sous votre aile. Parlez aux examinateurs qu’il aura, appelez leur indulgence sur un brave garçon dont on a toujours été content au collège, qui a travaillé, et qui sait; mais qui peut se troubler, s’éblouir, et qu’un regard ami peut remettre sur ses pieds. Je ne demande pas une préférence et une injustice, je n’aurais pas l’espoir de l’obtenir; je sais que l’enfant mérite ce que je demande et comme c’est à vous que je le demande, je l’obtiendrai, n’est-ce pas ? […] Mon neveu s’appelle Edme Simonnet du lycée de Châteauroux»… 26 août. Elle le remercie. «C’est vous qui êtes l’enchanteur, car vous savez m’adoucir une mauvaise nouvelle par la sollicitude que vous me témoignez. Mon pauvre enfant est tout désolé, et je persiste à croire qu’il s’est troublé, et que dans le moment où vous êtes sorti, on lui a fait perdre la tête. C’est un bon élève, studieux et sage; mais nos berrichons ont toujours l’air d’imbécilles quand on les tiraille. Ils ont l’esprit en dedans. Pauvres enfans ! Je comprends bien ça, moi. Si on m’interrogeait sur les choses que j’ai le plus étudiées, je ne pourrais pas répondre un mot. Gardez lui votre protection pour qu’il puisse prendre sa revanche. Je vous tourmenterai encore pour vous le rappeler […] J’ai tant de malheur et de chagrin ! J’ai perdu mon pauvre vieux ami Rollinat dont vous avez dû entendre parler, car vous êtes venu à Châteauroux. C’était un spiritualiste et un croyant à ma manière. Je ne suis donc pas inquiète de lui, il avait toutes les vertus, tous les mérites ! Mais que la vie est déchirée pour moi !»… 24 novembre. «Non, il n’a pas perdu son tems. Il a travaillé du matin au soir et n’a pris aucun plaisir. C’est un brave enfant, plein de raison, intelligent et qui s’affecte outre mesure de ses deux échecs. Il n’a jamais eu que d’excellentes notes au collège de Châteauroux: mais il est nerveux, c’est un vrai berrichon qui perd la tête quand il n’est plus dans son milieu. Sera-t-il plus heureux, une autre fois ? Non. S’il ne rencontre pas une extrême indulgence, je commence à craindre que ce ne soit pire, car il a l’esprit frappé et nous sommes forcées, sa mère et moi, de le consoler. Nous craignons qu’il ne tombe malade de chagrin. […] il faudra que vous fassiez quelque miracle pour notre enfant, quand il se représentera. Je vous jure que je n’arrange rien. Je ne saurais pas mentir. C’est un être excellent, plein du désir de bien faire et de se bien conduire. Vous savez bien qu’il y a des organisations qui se dissolvent devant une épreuve. J’en serais, moi, si vous m’interrogiez solennellement, je serais capable de vous répondre que deux et deux font sept»