Commode ouvrant à trois rangs de tiroirs galbés en « arbalète », entièrement et richement marquetée de fleurs et de jasmin (os), feuilles d’acanthe, rinceaux feuillagés, rubans, vases, socles, frises, dans des réserves géométriques délimitées par des filets doublés de petits filets noirs et clairs, sur fond de noyer brûlé et sur contre-fond d’olivier, sur le dessus et en façade, noyer et loupe de frêne sur les côtés, pieds antérieurs marquetés de fleurs.
Par Thomas HACHE (Toulouse 1664-Grenoble 1747).
Grenoble, vers 1715-1720.
Quelques manques, fentes et usures, pieds postérieurs modifiés.
Hauteur : 82 cm – Largeur : 130 cm – Profondeur : 65 cm
Provenance :
Collection particulière lyonnaise.
Bibliographie :
Voir un modèle similaire dans la forme et le décor dans Le génie des Hache, Editions Faton 2006, Dijon, pp. 230-231.
Thomas HACHE, un dessinateur hors paire.
Pour ce qui est de l’agencement des filets formant les réserves géométriques, le décor du dessus de cette commode n’a encore jamais été rencontré dans l’œuvre connu de Thomas Hache. En effet, si la forme de la réserve centrale est bien typique du Maître de Grenoble, ainsi que la façon dont elle est reliée aux deux médaillons qui l’encadrent, on ne retrouve plus les écoinçons trilobés rencontrés sur plusieurs modèles (Le génie des Hache, Editions Faton, Dijon 2006, pp. 198-201, 206, 208-210).
Ici, les médaillons sont flanqués de petites réserves en forme de mandorle qui reçoivent un décor de feuillage stylisé. En outre, les filets qui les dessinent, poursuivent de part et d’autre un tracé complexe et totalement inédit formant des réserves asymétriques d’une grande modernité. Elles reçoivent, de surcroît, un placage d’olivier de fil qui fait écho au bel olivier choisi pour ses veines en forme de cœur et placé aux quatre coins du dessus.
Enfin, la grande réserve centrale est reliée à deux autres réserves en mandorle qui se prolongent en longs cartouches marquetés de fleurs et feuillages qui viennent se relier harmonieusement aux réserves asymétriques évoquées plus haut.
La complexité de l’agencement de ces filets illustre la virtuosité qui signe le talent créatif véritablement exceptionnel de Thomas Hache, fondateur à Grenoble de la célèbre dynastie d’ébénistes. Son style, souvent imité, est ici reconnaissable entre tous, notamment par la qualité des essences utilisées, comme l’olivier décliné dans toute sa magnificence, veiné et de fil sur le dessus et en frisage sur la façade.
Détail ornemental inédit : sur les côtés, les anses du vase fleuri sont formées par un ruban aux enroulements gracieux.
Talent reconnu par Pierre Gole, l’ébéniste du roi, Thomas Hache n’a eu de cesse de créer de nouveaux décors dont l’originalité première tient aux bois des Alpes dont il sut tirer toute la somptuosité, lui permettant d’imaginer un répertoire décoratif original dont les marqueteries florales présentent un naturalisme raffiné et reconnaissable entre tous.
NB : Thomas Hache emploie l’os plutôt que l’ivoire pour ses fleurs dites « au jasmin ».
Cette commode au décor inédit sera reproduite dans le tome 2 du livre Le génie des Hache, à paraître prochainement aux Editions Faton.