Cabinet en laque à fond noir et riche décor doré de paysages animés de personnages dans un jardin, de volatiles, de branchages de prunier et de pagodes à
l’arrière-plan à l’imitation des laques talio-makie du Japon. Il ouvre à deux vantaux démasquant onze tiroirs à fond aventuriné et présente des pentures, des
écoinçons et une large entrée de serrure en laiton gravé inspirés des ouvrages ajourés de la Chine. Poignées latérales.
Il a été adapté sur une console en bois partiellement argenté richement sculpté d’un décor ajouré de volutes feuillagées, guirlandes de fleurs et de trois putti.
Pieds en double console terminés par des enroulements.
Angleterre vers 1680-1720 (quelques fentes, accidents, manques, quelques reprises au décor, usures et restaurations)
Hauteur : 78 cm – Hauteur totale : 117 cm – Largeur : 90,5 cm – Largeur totale : 115 cm – Profondeur : 45 cm – Profondeur totale : 68 cm
Japan work or Japanning est la terminologie pour dénommer le laque en Angleterre dès la deuxième moitié du XVIe siècle. Les objets en laque connaissent un
grand succès à la suite de la publication en 1688 de l’ouvrage Treatise of Japanning and varnishing de STALKER & PARKER donnant quelques motifs de
chinoiseries et quelques conseils techniques. Les cabinets à l’époque des Stuart ont une forme comparable aux cabinets hollandais et français, le plus célèbre
ébéniste étant à l’époque Gerrit JENSEN, un artiste flamand. Le cabinet le plus apprécié au XVIIIe siècle est le cabinet laqué, considéré de grande valeur.
L’Angleterre, grâce à sa compagnie des Indes Orientales, entretient des liens avec l’Orient. La demande de laque est tellement importante que plusieurs artisans
sont envoyés à l’Est pour apprendre aux indiens comment manufacturer pour pouvoir vendre en Angleterre et dans le reste de l’Europe (1), ce qui soulève une
inquiétude des artisans de Londres (2). Au début du XVIIIe siècle, l’Angleterre exporte vers l’Espagne et le Portugal des cabinets en vernis imitant le laque. On
peut citer Gilles GLENDEY et Daniel MILLS, comme principaux artisans de cette spécialité actifs dans les années 1760. Le succès est tel que la corporation des
ébénistes de la Haye demanda à ses apprentis que leur chef-d’oeuvre soit un cabinet dans le style anglais.
Bibliographie :
Monique RICCARDI-CUBITT, Un Art Européen, le cabinet de la Renaissance à l’époque moderne, Londres 1992, Thames & Hudson Ed. pp. 92 et 104.
1- HAVARD, Dictionnaire de l’Ameublement et de la Décoration, 1885 vol I p.485.
2- Inventaire de tous les meubles du cardinal Mazarin d’après l’original dressé en 1655, dans Les archives de Condé par Henri d’ORLEANS, Londres 1861, pp. 250-
263