Coiffeuse d’homme ou barbière en chêne, placage de ronce de thuya, d’ébène, bronze doré, miroir.
par Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), Maître tabletier en 1788.
Paris, vers 1805.
Hauteur : 120 cm – Longueur : 55 cm – Profondeur : 34,5 cm
Signée Biennais orfèvre sur la serrure.
(quelques petites fentes)
Cette coiffeuse d’homme recouverte de loupe de thuya se compose d’une table d’aspect rectangulaire, ouvrant en façade par un tiroir et munie de deux tablettes à coulisse sur les côtés, reposant sur quatre pieds en gaine réunis à la partie inférieure par une tablette d’entrejambe, et d’un miroir de forme octogonale à encadrement de bronze doré, orné d’un registre de palmettes lancéolées entre deux autres, l’un perlé et l’autre tressé. Le miroir, monté à charnières et à inclinaison réglable, est soutenu par deux montants, également de bronze, en forme de termes à bustes féminins coiffées à l’antique, posés sur deux gaines à chapiteaux ornés de palmettes renfermant des fleurons et de feuilles de palme, et dont une chute à fleurons enrichit leur face antérieure. Des chapiteaux et des chutes similaires décorent les quatre pieds de la table, munis de sabots à griffes de lion, alors que le tiroir, ceint par un encadrement à frise de palmettes et de perles, présente en son milieu une importante entrée de serrure ovale, entourée par une guirlande de laurier et cantonnée entre deux palmettes très échancrées, le tout en bronze doré.
Connu et apprécié de son vivant pour la qualité de ses petits meubles d’une exécution parfaite, mais encore plus estimé pour ses pièces d’orfèvrerie, qu’il livra dès la fin du XVIIIe siècle et jusqu’au début de la Restauration, Biennais fut un de principaux fournisseurs des palais impériaux et de l’impératrice sous le Premier Empire. Parmi sa production, cette coiffeuse d’homme ou barbière retient particulièrement l’attention, car, à notre savoir, elle semble être l’unique meuble de ce type connu à ce jour. Cependant deux autres toilettes portatives, sorte de psychés à miroir, plaquées respectivement en loupe de frêne ou d’if, avec des filets d’ébène, présentent un aspect identique des montants en termes et de l’encadrement de la glace à celui de notre coiffeuse. L’une, présentée en 1951 à l’exposition Chefs-d’œuvre des grands ébénistes, au musée des Arts décoratifs de Paris, reproduite aussi dans l’ouvrage de Denise Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, est réputée avoir été exécutée pour l’impératrice Joséphine, ainsi qu’une seconde, identique, conservée dans la chambre à coucher de celle-ci, au palais de Fontainebleau (ill.).
Biennais avait repris les même termes à têtes de femmes à l’antique pour les montants d’une autre psyché portative, agrémentés de branches de lumière et dont le miroir présente une forme d’écusson, conservée au château de Malmaison (ill.), également dans la chambre de Joséphine, et sur une seconde se trouvant dans une collection particulière.
Originaire de Lacochère, près d’Argentan (Orne), Martin-Guillaume Biennais arriva assez jeune à Paris, où il se forma peut-être auprès de son cousin André-François Cheron, Maître tabletier. Biennais est désigné lui-même en tant que Maître en 1788, lorsqu’il se maria en première noces : il avait acheté alors le fonds de boutique de tabletterie de la veuve Anciaux. Remarié en secondes noces, Biennais s’établit rue Saint-Honoré et ouvrit dès 1790 une boutique à l’enseigne Au Singe violet. Sous le Consulat, il fabriquait des articles de tabletterie, puis ajouta à sa production de petits meubles de grande qualité, qu’il livra plus tard pour l’empereur et sa famille et pour la cour. Comme on l’apprend de son étiquette commerciale, il réalisait des meubles fabriqués dans le genre antique, garnis de bronze et de marbre, tels que : commodes, secrétaires, consoles, tables, chiffonnières, guéridons, berceaux, toilettes d’hommes, de femmes… Parallèlement, il étendit sa production à l’orfèvrerie, pour devenir orfèvre attitré de Napoléon, d’abord Premier Consul, puis empereur, et obtint, dès 1802, l’exclusivité des livraisons de vaisselle pour la table impériale. Biennais, qui continua son activité au début de la Restauration, se retira des affaires en 1819, et vécut jusqu’en 1843.
1 2 3 4 Inv. MM 4047 165.
5 Cité par Denise Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, Paris, Les Editions de l’Amateur, 1989, p. 85.