Cassette dite carré de toilette en palissandre et marqueterie en première partie de laiton gravé sur fond d’écaille brune, bronzes dorés.
Paris, vers 1710. Epoque Louis XIV (usures, accidents).
Hauteur : 13 cm – Largeur : 33,5 cm – Profondeur : 25,5 cm
D’aspect ovale, formant ressauts à pans coupés en chaque extrémité, cette cassette, qui faisait partie aux XVIIe et XVIIIe siècles du nécessaire de beauté des personnes de qualité et qu’on appelait carré de toilette, présente un décor marqueté en première partie, en laiton sur fond d’écaille brune. Le couvercle, ceint d’un quart-de-rond de cuivre, est ainsi orné d’une réserve centrale rectangulaire formant une sorte d’écoinçons droits aux angles, prolongés par doubles volutes en C entrelacées, qui finissent en palmettes déchiquetées au-dessus des ressauts. Sur les côtés longs du couvercle sont représentées deux Renommées assises de part et d’autre d’un cartouche renfermant un profil d’homme figuré en buste. Alors que les côtés latéraux sont décorés de termes en buste ailés, à tablier d’acanthe et coiffés d’une ample palmette aussi d’acanthe.
Sur la doucine du couvercle court un motif d’entrelacs en forme de cœurs, agrémentés de flèches et de guirlandes. Les faces du corps renferment, sur les côtés longs, des panneaux ornés également de cartouches à portraits d’hommes, et d’un mascaron féminin entre des guirlandes et, aux extrémités, d’une terrasse avec un panier fleuri, le tout entouré de rinceaux sur lesquels sont posés des oiseaux à longs cous et des volutes terminées en têtes de mascarons barbus de profil. Les pans coupés, dont les côtés présentent des réserves rectangulaires, chacune marquetée d’un fleuron dressé, sont ceints de montants de bronze formant doubles consoles, à jour par le bas, et surmontés d’une ample palmette d’acanthe aussi de bronze, qui remonte sur la doucine du couvercle. Sur chaque face sont disposés de petits tabliers agrémentés de volutes en bronze doré.
Hormis la nôtre, on connaît six autres cassettes d’aspect similaire, avec quelques variations dans la composition de la marqueterie et celle de leurs bronzes. Deux d’entre elles (fig. 1-2), dont une en contrepartie (fig. 3), présentent un décor identique du couvercle que celui du carré de toilette qu’on étudie ici.
Une autre, conservée au musée Victoria and Albert de Londres (fig. 4-5) est ornée sur le couvercle d’un motif assez similaire, mais plus simple, dont on a enlevé les Renommées et les termes feuillagés, pour ne pas conserver que les têtes de mascarons féminins entourées de guirlandes et sommées par un vase Médicis à fruits et à feuilles, qui se retrouvent aussi sur les faces du corps. Cette cassette est, par ailleurs, la seule à être parée de pieds de bronze à montants en forme de sphinges ailées.
Deux autres cassettes provenant de l’ancienne collection Wildenstein, respectivement l’une en partie et l’autre en contrepartie (fig. 6-7) présentent un décor marqueté encore plus épuré, organisé autour d’une rosace centrale entourée par quatre médaillons trilobés à volutes en C adossées et à petits rinceaux de part et d’autre. Si les montants de bronze formant pieds sont identiques aux nôtres, ces deux cassettes sont munies d’une penture médiane dissimulant l’entrée de serrure.
A l’évidence, toutes ces cassettes sont l’œuvre de l’atelier du même ébéniste et ont été produites vers la fin du règne de Louis XIV, dans les années 1710-1715.