Table à écrire
Vers 1777-1785
Attribuée à Jean-Henri Riesener (1734-1806), maître en 1768, ébéniste ordinaire du roi en 1774.
Chêne, bois résineux, placage d’acajou, bonze ciselé et doré, acier, maroquin doré au petit fer rapporté.
Hauteur : 76 cm – Largeur : 50,5 cm – Profondeur : 34 cm
Entièrement plaquée en acajou, cette petite table à écrire repose sur quatre pieds en gaine réunis par une tablette d’entrejambe formant une encoche à la partie antérieure et ceinte sur les trois autres côtés d’une galerie à entrelacs ajourés en bronze doré, galerie qui se retrouve également au pourtour du plateau, recouvert par un tapis en maroquin vert, orné de motifs dorés au petit fer. Elle ouvre en ceinture par un tiroir fermant à clé, disposé sur le côté droit, qui découvre trois cases servant pour le plumier, l’encrier et le poudrier. En façade, la ceinture est dotée d’une tablette coulissante à deux boutons, dont la partie supérieure montée en charnières forme une liseuse appuyée sur un chevalet en acier permettant plusieurs degrés d’inclinaison. La ceinture est ornée sur toutes les faces de frises en bronze doré, alternant un motif denticulé avec des fleurons et petits bouquets et ceintes de rangs de perles. Les gaines, dont les arêtes sont soulignées par des baguettes torsadées, présentent des chapiteaux à rais-de-cœur et des sabots à palmettes d’acanthe, le tout également en bronze doré.
On peut attribuer notre table à Riesener par analogie avec une autre, livrée sous le numéro 2909 en 1777, pour Louis XVI au château de Trianon, qui intégra par la suite le Garde-Meuble de la Reine, dont le fer est présent sur son bâti (fig. 1).
Ce type de petites tables, dont l’exemplaire le plus riche, provenant aussi du mobilier de Marie-Antoinette, est conservé au Waddesdon Manor, était encore fabriqué par Riesener en 1786, lorsque l’ébéniste présenta au Garde-Meuble de la Couronne une soumission contenant les modèles qu’il proposait de livrer à cette administration, avec leurs prix : Table à écrire en bois d’acajou ayant un tiroir par le côté, garni d’une écritoire argentée, ornée de chapiteaux et sabots et entrées de serrure dorés de 30 pouces [81,21 cm] garnie de peau, 100 livres.
En effet, Riesener et son atelier produisit un certain nombre de ces tables, avec quelques variations dans leur composition, leur taille et dans leur parure de bronzes dorés, tantôt avec une ceinture plus large, abritant un tiroir en façade, comme sur la table de Waddesdon, livrée pour le Petit Trianon, vers 1784 (fig. 2), ou sur une autre, provenant de l’ameublement du palais de Pavlovsk, aujourd’hui au Museum of Fine Arts de Boston, tantôt avec une écritoire coulissante et une décoration en bronze plus réduite, toutes avec tablettes d’entrejambes. Il réalisa ce modèle à pieds en gaine et sans tablette, en fait de petits bureaux, parfois d’aspect très sobre, comme celui livré pour le service des Enfants de France au Grand Trianon, le 22 juin 1782, ou à l’instar d’un autre, doté d’un cartonnier, qu’on voit sur un tableau de Louis-Lié Périn-Salbreux, représentant Madame Adélaïde (fig. 3), tantôt avec une riche marqueterie de bois de rapport et une parure de bronzes plus importante, comme sur celui, probablement pour l’usage de Madame Elisabeth au Petit Trianon, vendue en 1793, sur un deuxième, livré en 1784 pour les appartements de Marie-Antoinette aux Tuileries, ou enfin sur une troisième table à écrire provenant de la Maison de la Reine au Hameau de Trianon, celle-ci plus large et avec des pieds en gaines fuselées. On retrouve sur la ceinture de ces deux dernières tables des frises en bronze à canaux denticulés et à fleurons très similaires à celles ornant notre table. Notons également que le chevalet en acier permettant le positionnement de la liseuse et pratiquement identique sur cette dernière et sur la table de Waddesdon Manor.
Fig. 1 : J.H. Riesener, table à écrire livrée en 1777, placage en acajou, bronze doré, marbre blanc, 78,5 x 65 x 49 cm, musée national des châteaux de Versailles et des Trianon, inv. V.2011.35.
Fig. 2 : J.H. Riesener, table à écrire livrée pour le Petit Trianon, vers 1784, marqueterie de bois de rapport, bronze doré, 73,3 x 58,2 x 42,2 cm, Waddesdon Manor, inv. 2546.
Fig. 3 : Louis-Lié Périn-Salbreux, Madame Adélaïde écrivant à son bureau, 1776, huile sur toile, 60 x 47 cm, musée national des châteaux de Versailles et des Trianon, inv. MV 9085.