Sabre d’honneur d’officier d’infanterie décerné à un chef de bataillon, aide de camp du maréchal Mortier.
Monture en argent à branche simple à gouttières, la croisière est guillochée en son milieu. Les oreillons en écu sont décorés au trait d’une palmette à la partie inférieure et pourtour dentelé. Quillon très recourbé se terminant en palmette moulée et découpée (poinçons « B.Y. » et losange d’orfèvre). Poignée recouverte de basane avec double filigrane en argent torsadé. Calotte courte à large pommeau ovale et plat gravé sur le dessus d’une toile d’araignée (chocs), ce motif se reproduit sur les deux cotés qui sont taillés en échancrure, le dos fixé par un clou d’argent.
Lame courbe à pans creux (74 cm) sans marquage, terminée en encoche, la pointe taillée en biseau. Fourreau fer, gravé sur la partie supérieure du coté externe « Le gouvernement au chef de bataillon Simon de la Mortière » et sur le coté interne « Mfture à Versailles ». Deux larges bracelets d’argent ciselés de trophées, boucliers, drapeaux, casque et feuillages (manque un piton et son anneau) dard en gros bouton à pans. Bon état.
Observations. Ce sabre a déjà été présenté en vente publique lors des grandes ventes de la collection du Docteur Hutin, en mars et novembre 2000. J’avais à l’époque été surpris par la tournure de la dédicace que je trouvais inhabituelle : « le gouvernement au… » au lieu de « le 1er consul au… » Il fallait que je situe ce gouvernement dans le temps, et c’est à la fin de l’Empire que je croyais avoir trouvé la réponse à ma question. Quand le 1er avril 1814 le sénat nommait un gouvernement provisoire, lequel gouvernement aurait offert un sabre d’honneur à un glorieux combattant ? C’était un peu tardif, alors que la croix de la Légion d’honneur devait dès 1804 se substituer aux armes d’honneur.
Je pense qu’il serait plus raisonnable de placer (ou de replacer) cette remise de sabre d’honneur à une période plus appropriée, celle du Consulat, né de la constitution de l’an VIII proclamé le 15 décembre 1799 qui confiait le gouvernement provisoire à trois consuls, Bonaparte, Cambacérès et Lebrun. Simon qui avait pris une part active aux journées des 18 et 19 brumaire en tant que capitaine-adjoint à l’état-major de la 17ème division militaire de Paris, recevra en 1800 un sabre de récompense avec son nouveau grade de chef de bataillon, offert, donc par « le gouvernement… » Bonaparte ne deviendra 1er consul qu’en 1802. (Probablement un des premiers sabres d’honneur distribué ne portant pas la signature de Boutet sur le fourreau).
Simon (Chevalier de la Mortière, Jean Baptiste Charles)
Né à Versailles le 28 juin 1770, mort en 1856 à Provins. Etudiant en droit, il s’enrôle en 1790 dans la garde nationale de Seine et Oise, puis sort sous-lieutenant au 7ème bataillon d’infanterie légère en avril 1792, et en juillet lieutenant à la 81ème demi-brigade. Il se distingue pendant le siège de Mayence et à Corfou en 1793. Capitaine le 23 prairial an III, adjoint à l’état-major de la 17ème division militaire à Paris le 11 brumaire an VIII, reçoit un sabre de récompense pour avoir appuyé Bonaparte lors du coup d’état. Chef de bataillon en avril 1800 et le 23 novembre suivant, devient aide de camp du général Mortier. Chevalier de la Légion d’honneur en 1803, il est promu adjudant commandant à l’état-major général de l’armée du Hanovre. Officier de la Légion d’honneur en 1804, il reprend ses fonctions d’aide de camp auprès du Maréchal Mortier.
Créé chevalier de l’Empire le 2 novembre 1808, puis commandant d’armes le 25 juillet 1809. Il est admis à la retraite le 16 août 1811, pour cause d’infirmité. Remis en activité pendant la campagne de France en 1814 où il résiste dans la ville de Langres avec 77 fantassins et 12 canons sans munitions ni artilleurs contre 40 000 Autrichiens. Mais l’Empire touche à sa fin, le 1er avril 1814, le sénat nomme un gouvernement provisoire présidé par Talleyrand, le 2 avril suivant le sénat déclare Napoléon et sa famille déchus du trône. Simon de la Mortière aura effectué 16 campagnes entre 1792-1811-1814. Chevalier de Saint Louis le 31 janvier 1816, maréchal de camp honoraire le 6 décembre en 1820.