Une femme à sa lecture Panneau de chêne parqueté. Signé en bas sur un papier froissé au sol: jaco/bus/Frell. 54,5 x 41 cm Provenance: Collection Mme James Odier. Vente collection de Mme James Odier, Paris, 25 mars 1861, lot 25 (comme Pieter de Hooch). Acquis à cette vente par Mündler (470 Francs). Collection de l’expert Febvre (selon Brière-Misme). Vente Paris, 11 avril 1868, lot 38 (comme Vermeer, «Belle oeuvre digne de Pieter de Hooch»). Collection Adolphe Schloss, Paris, en 1904 et en 1929. Collection Mme Henri Schneider, Paris, en 1935. Succession de M.J.L. Puis par descendance. Bibliographie: Clotilde Brière-Misme, Un intimiste hollandais, Jacob Vrel, dans Revue de L’Art Ancien et Moderne, novembre et décembre 1935, pp. 160-162, fig.15. W.Burger Van der Meer de Delft, Gazette des Beaux Arts oct-nov. 1866 p. 566, n. 44. Hofstede de Groot: Kritische opmerkingen, op. cit., 1904, p.32, Jacobus Vrel, op. cit. W.R. Valentiner: Pieter de Hooch (Stuttgart, 1929) p. XXXIV (collection Schloss). E.A.Honig, Looking in (to) Jacob Vrel, Yale Journal of Cristicism, volume 3, number 1, 1989 fig. 13 (location unknown). Jacobus Vrel est l’un des artistes les plus rares et les plus attachants de l’école hollandaise. Si l’on sait peu de choses de son lieu de naissance et de ses débuts, la réputation de l’artiste devait être établie assez tôt puisque deux de ses oeuvres apparaissent dans l’inventaire de l’archiduc Léopold, dressé en 1659. Tombé dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte en 1935 par Clotilde Brière-Misme, le corpus de son oeuvre se reconstitue depuis et l’on dénombre aujourd’hui une petite quarantaine d’oeuvres réparties en deux groupes, les scènes de rues et les vues d’intérieur. Son oeuvre évoque irrésistiblement celui de Pieter de Hooch auquel ont pu être attribués plusieurs de ses tableaux, mais Vrel se détache de son contemporain par des compositions plus dépouillées et intériorisées, moins «mondaines». Les personnages sont issus du peuple et l’extrême sobriété de ses intérieurs concentre l’attention sur le sujet; les murs clairs associés au noir des huisseries et des plinthes évoquent les églises peintes par Saenredam avec lesquelles ils partagent le même mystère qui a fait dire à Brière-Misme: A chacune de ses oeuvres il se détourne davantage du monde. (p.168) Frits Lugt possédait un tableau de Vrel (aujourd’hui à la Fondation Custodia, Paris) qui fait écho à celui que nous présentons, Une femme faisant signe à un enfant à travers la fenêtre (ill.1)(panneau, 46 x 39 cm, signé VREL sur un papier froissé à terre); le tableau date certainement de la même période. On y retrouve une palette restreinte et les mêmes protagonistes. L’importance des murs blancs éclairés par un lustre dont la lumière se reflète dans les verres bombés de la fenêtre est renforcée par l’obscurité dans laquelle apparaît l’enfant, le visage collé à la vitre. De cette même période doit dater également Les soins maternels, (ill.2) autrefois à la galerie Knoedler (panneau, 53 x 40,5cm), aujourd’hui conservé au musée de Detroit (Brière-Misme, op.cit, fig. 16). Les scènes d’intérieur de Vrel comptent parmi les plus poétiques de l’âge d’or hollandais. Autour de Vermeer et de Pieter de Hooch, Vrel compose «une strophe personnelle et charmante dans le plus beau poème créé par la peinture hollandaise au XVIIe siècle, le poème de l’intimité» (Brière-Misme p.98)