Portrait automatique de Federico Garcia Lorca. Dessin au lavis, signé en bas à gauche et annoté Federico Garcia Lorca en bas au milieu. 21,8 x 15 cm Bibliographie: – View, série I, n°2, New York, octobre 1940, rep. p.2. – F. Flahutez, Nouveau monde et nouveau mythe. Mutations du surréalisme de l’exil américain à l’Ecart absolu, Les presses du réel, 2007, rep. p.28. – F. Flahutez, Portrait analogique et figure du poète Garcia Lorca selon Roberto Matta in Visage et portrait, visage ou portrait, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2010, p. 97-108, rep. Roberto Matta rejoint le surréalisme en 1938, par l’intermédiaire de Dali, à qui l’avait adressé Federico Garcia Lorca. Sa rencontre avec le poète espagnol aura une influence capitale sur sa vie. Les premières oeuvres de Matta entre 1938 et la guerre sont des morphologies psychologiques, peintures et dessins automatiques. Matta étale la couleur avec un chiffon ou avec ses doigts, les formes produites de manière automatique, inconsciente et aléatoire, décident du tracé des lignes exécutées à la plume ou au pinceau. Cette technique nécessite une totale disponibilité de l’esprit, elle est l’équivalent graphique du procédé d’écriture automatique cher aux surréalistes. «J’appelle morphologie psychologique, le graphique des transformations dues à l’absorption et l’émission des énergies dans l’objet depuis son aspect initial jusqu’à sa forme finale dans le milieu géodésique psychologique (…)» explique Matta. (1). Il s’agit en quelque sorte de faire apparaître l’événement intérieur, la partie invisible de chacun en faisant abstraction de la notion de temps. Ce dessin en est une parfaite illustration, F. Flahutez le décrit ainsi «Le Portrait automatique de Federico Garcia Lorca est construit comme une carte topographique où viennent se surimposer les joues, les oreilles du poète espagnol. (…) Dans le tableau, une sorte de crevasse s’ouvre sur un oeil cyclopéen, grotesque, aux contours irréguliers. L’oeil, motif pictural très répandu parmi les surréalistes, subit ici une distorsion telle que seule la présence du visage permet de l’identifier.(2)» Ce portrait témoigne également du grand intérêt que porte Matta aux mythes indiens et donc à leurs masques. «Pour Matta, l’étrangeté et la force expressive de ces objets à fonctionnement symbolique constituent un répertoire où l’artiste puise ses formes. La représentation de Garcia Lorca passe par une appropriation du masque chamanique. Les traits du visage se disloquent à mesure qu’est révélée l’autre dimension que seul le chaman explore. Matta confère à la représentation de Garcia Lorca, et donc au poète, ce don de vision qui appartient au chaman. Le poète regarde dans l’invisible et y décèle la source du merveilleux.(3)» ! Le Portrait automatique de Federico Garcia Lorca paraît à New-York en octobre 1940, dans le deuxième numéro de la revue View, magazine littéraire et artistique d’avant-garde, publié par l’artiste et écrivain Charles Henri Ford de 1940 à 1947. Matta fut le premier peintre surréaliste invité. Ami de Gordon Onslow Ford, collaborateur de la revue, il venait d’arriver à New-York fuyant l’Europe et la guerre. 1- Ferrari Germani, Entretiens morphologiques, Notebook n° 1, 1936-1944, Londres, Sistan, 1987, p. 70. 2- F. Flahutez, Nouveau monde et nouveau mythe. Mutation du surréalisme de l’exil américain à l’Ecart absolu, Les presses du réel, 2007, p.27. 3- idem, p.31. Provenance: Collectionneur parisien