HEURES A L’USAGE DE THEROUANNE. Nord de la France, vers 1440 – 1450; in – 4 (200 x 138 mm) de 139 feuillets de peau de vélin, reliure provinciale de la première moitié du XVIe siècle en cuir brun, les plats couverts d’un décor de filets dorés et de petits fers dorés en plein, dos à cinq nerfs (restaurations), tranches dorées.Très rare livre d’heures à l’usage du diocèse de Thérouanne (Pas-de-Calais), calligraphié sur peau de vélin et décoré par un artiste désigné comme « le Vigneteur attitré du Maître de Mancel ». Le volume s’ouvre sur un calendrier en 24 pages où les noms sont calligraphiés aux encres brune et rouge. On y relève de nombreux saints vénérés dans les diocèses de Thérouanne, d’Amiens, de Saint-Omer, en particulier pour Thérouanne: Folcuin, Omer, Bertin, Victor… Chaque mois s’inscrit en tête dans une bordure dorée sur trois côtés et commence par une initiale peinte et dorée à l’or fin.L’illustration, suivant le cycle de la Passion d’inspiration flamande, comprend 5 peintures d’une très belle qualité et d’une abondante ornementation.1 – L’Annonciation. La Vierge sous un dais vert est devant un livre ouvert sur un pupitre. L’ange en robe orange et avec des ailes vertes et dorées tient un phylactère sur lequel on lit: « Ave gratia plena dominus meum ». Un vase fleuri est posé sur le carrelage gris et argenté. Le fond est quadrillé de vert, de bleu, de rouge et d’or; Dieu apparaît dans l’angle gauche (f.13v).2 – La Trahison de Judas. Il embrasse le Christ tandis que saint Pierre rengaine son épée. Les personnages ont des tuniques jaune, orange, verte, bleu nuit; celle du Christ est rose, l’herbe du sol est parsemée de fleurettes, le fond mauve est couvert de rinceaux dorés influence possible de l’atelier brugeois du « Maître aux rinceaux d’or » (f.26v).3 – Le lavement des mains. Le Christ les mains liées est présenté devant Ponce Pilate. Celui-ci se fait verser de l’eau sur les mains avec un vase d’ en or dans une coupe également en or, sol à carreaux verts avec effet de fuite, costumes aux couleurs vives, mur du fond couvert de carreaux roses (f.40v).4 – La flagellation du Christ. Scène d’intérieur. Dans une grande salle aux murs roses, au plafond bleu avec les solives dorées, deux hommes fouettent le Christ nu, lié à un poteau central, le corps tuméfié et ensanglanté, sol à losanges noirs et argentés (f.48 v).5 – La Crucifixion. La Vierge en prière et saint Jean, la tête renversée en arrière et affichant sa douleur, sont de part et d’autre de la croix, sol jonché de pâquerettes, fond quadrillé comme celui de l’Annonciation (f.57 v).La décoration générale riche et raffinée révèle une nette influence flamande. Les visages soignés sont fins et expressifs. Quatre-vingt-dix-huit pages comportent une bordure latérale dans la marge intérieure ornée de rinceaux filigranés feuilletés d’or et peints de fleurs variées. Une infinité d’initiales dorées et très ornementées ponctuent le texte d’un bout à l’autre avec acanthes fleuries pour les pages principales ainsi que de nombreux bout-de-lignes.Les cinq peintures sont sur des pages paires; les pages impaires en vis-à-vis sont entièrement et brillamment décorées avec large bordure, rectangle peint, doré et fleuronné, grande initiale d’une hauteur de cinq à six lignes peinte à fond d’or. Sept pages subsistent offrant le même type d’ornementation; elles laissent alors supposer que l’ouvrage comptait à l’origine douze miniatures dont sept ont été anciennement détachées.L’artiste récemment identifié par Marc Gil (Saint-Omer gothique, Valenciennes, 2004, pages 175-179) lui affecte le surnom de « Vigneteur attitré du Maître du Mancel ». Il prend une place nouvelle au sein de l’enluminure picarde. A la fin on trouve une prière à la Vierge en français marquée par des expressions et une orthographe picardes.Deux manuscrits conservés à la Bibliothèque d’Arras présentent une parenté avec celui-ci (Mss. 520t 767) et un autre à la Bibliothèque de Douai (Ms. 188). Ce lot provient d’une famille de bibliophiles