Table à écrire à système en marqueterie de sycomore sur fond de citronnier et de buis avec filets d’ébène de forme rectangulaire reposant sur quatre pieds en gaine de section carrée échancrée d’équerres aux angles et revêtus d’une marqueterie de chute de piastres et terminés par d’élégants sabots à roulettes. Le plateau, qui est marqueté d’un treillis à fleurons en sycomore ombré et cerné de filets d’ébène, est ceinturé par une moulure de bronze doré à fond sablé qui sert aussi à renforcer le bord inférieur de la ceinture. Les quatre côtés de la ceinture sont marqués par un renfoncement qui est enrichi d’une frise d’entrelacs en bronze doré. Les angles sont ornés de rosaces d’acanthe qui sont soulignées par trois larmes, le tout en bronze doré. La table ouvre grâce à des boutons pressoirs à hauteur de la ceinture par un petit tiroir sur chaque côté, dont l’un renferme encrier, poudrier et porte-plume en cuivre argenté, et de face par une tablette écritoire revêtue de moire bleue. Attribuée à Mathieu-Guillaume Cramer. Paris, vers 1775. (accidents et réparations) 273 T inscrit à l’encre sous la ceinture. Hauteur: 69 cm – Largeur: 59 cm – Profondeur: 39 cm Cette petite table est typique de la production de l’ébéniste Mathieu- Guillaume Cramer. L’attribution à Cramer repose sur plusieurs meubles estampillés sur lesquels on retrouve cette marqueterie caractéristique de treillis à fleurons: un bonheur-du-jour de l’ancienne collection Akram Ojjeh (Sotheby’s Monaco, 25 juin 1979, n°55) un bureau plat et son cartonnier (Christie’s New York, 5 novembre 1986, n°202) et une petite table de la collection Derek Fitzgerald (Sotheby’s Londres, 30 avril 1965, n°126). Cette dernière est dépourvue de bronze en dehors des deux moulurations de ceinture et des trois larmes du sommet des pieds. Les rosaces d’acanthe de la ceinture sont ici marquetées au lieu d’être en bronze doré. Les pieds en gaine de section carrée sont échancrés d’équerre et orné sur deux côtés par une chute de piastres encadrée d’un filet d’ébène. Une fois la paternité de Cramer établie grâce à cette table de l’ancienne collection de Mrs Derek Fitzgerald, il faut rattacher la table ici vendue à deux autres tables non signées mais attribuées à Cramer. La première est conservée à la Huntington Gallery à San Marino (R. Wark: French decorative art in the Huntington Collection, Californie 1979, n°78) et la seconde, attribuée à tort à Dautriche, se trouvait dans les collections du Cleveland Fine Art Museum qui ont été vendues chez Christie’s à New York le 29 novembre 2012, n°62. Ces trois tables qui possèdent un bâtis aux dimensions identiques (69 x 59 x 39) sont toutes les trois revêtues d’une marqueterie de treillis à fleurons et de chutes de piastres sur des pieds échancrés d’équerre et elles sont rehaussées des mêmes bronzes à l’exception de la frise de la ceinture où une frise de poste remplace la frise d’entrelacs présente ici. Mathieu-Guillaume Cramer (1804), reçu Maître ébéniste le 4 septembre 1771. Ébéniste allemand installé dans le faubourg Saint-Antoine dans les années 1760. Il épouse le 19 avril 1771 la fille de l’ébéniste I.E. Collet et choisit pour témoin son confrère Martin Carlin. Il devient par son mariage l’oncle par alliance de l’ébéniste du Roi, Gilles Joubert. Après avoir obtenu sa maîtrise, il s’installe rue du Bac dans les années 1770t développe son atelier. En 1783, au décès de son épouse, l’atelier comporte cinq établis et près de 200 meubles dont principalement des tables diverses. Il sous-traite une partie de sa production à ses confrères Canabas, Dautriche, Lacroix, Petit, Roussel, Topino et Vassou1. 1 A. Pradère: Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Ed. du Chêne 1989 (p.325-327)